Voyager dans le temps a toujours constitué un ingrédient essentiel dans le cinéma de science-fiction. Si ce genre de « fantaisie » ne peut en aucun cas se réaliser dans la vraie vie, la paléontologie semble pourtant être un moyen efficace de concrétiser différemment cette ambition.
Ainsi, en retraçant l’évolution de créatures ayant peuplé la Terre il y a plusieurs milliards d’années, l’endroit le plus dangereux de l’histoire de notre planète a enfin été découvert.
Le paléontologue, Nizar Ibrahim de l’Université de Detroit Mercy a mené une étude dans un gisement de fossiles sur la frontière marocco-algérienne qui témoigne du lieu le plus risqué que le globe ait jamais porté.
Datant de la période crétacée, ces dépôts provenant du plateau semi-désertique des Kem Kem sont la preuve indéniable de la prédominance des carnivores géants au détriment des herbivores. Les chercheurs déplorent toutefois le fait que beaucoup de ces restes si précieux aient atterri chez des collectionneurs à travers le monde, d’autant plus que l’endroit était connu des chasseurs de fossiles sans scrupules.
Ibrahim et ses collègues sont les auteurs d’un ouvrage détaillé sur l’âge des dinosaures en Afrique. Le paléobiologiste David Martill de l’Université de Portsmouth au Royaume-Uni définit cet ouvrage — auquel il a participé — comme étant le plus complet du siècle dernier.
Ce travail unique a mis en exergue deux formations bien distinctes : Gara Sbaa et Douira, qui renferment des espèces de dinosaures, de ptérosaures, des crocodyliformes, des tortues, et autres invertébrés.
Par ailleurs, la surabondance des prédateurs a été un facteur clé de l’analyse du paléoécosystème des Kem Kem. Cette énigme, observée également en Égypte (dans la formation de Bahariya) a frappé les experts, qui ont voulu en savoir plus.
Les recherches ont abouti à la découverte de 4 théropodes (Abélisauride, Spinosaurus aegyptiacus, Carcharodontosaurus saharicus et Deltadromeus agilis), dont trois sont d’une taille supérieure à la normale.
Par ailleurs, cette région était autrefois marquée par une richesse prononcée en poissons et autres animaux marins vraiment terrifiants, qui ont dû servir à régaler ces créatures et en assurer la survie il y a plusieurs dizaines de millions d’années. On parle notamment des Cœlacanthes, des poissons à poumons ou des Onchopristis.
Quoi qu’il en soit, il est plus sûr de remonter le temps en interrogeant des fossiles vieux de plusieurs siècles que de s’aventurer dans un périple vers le passé. On sait désormais que l’accueil à cet endroit n’y sera pas vraiment des plus chaleureux !