Airman 1st Class BrieAnna Stillman, SHAW AIR FORCE BASE

Si un traitement antibiotique est efficace pour venir à bout des infections mêmes les plus tenaces, il comporte forcément des effets secondaires, certains plus courants que d’autres : fatigue, douleur à l’estomac ou encore nausées, la liste est longue et varie grandement d’un médicament à un autre.

Cependant, il arrive parfois que ces effets secondaires soient on ne peut plus surprenants et très peu communs, comme ce fut le cas récemment pour cette Américaine qui s’est mystérieusement réveillée un matin avec ce que les médecins appellent la « langue noire poilue »…

Un cas inhabituel, mais pas impossible

C’est après avoir malencontreusement subi une fracture aux deux jambes, suite à un grave accident de voiture, qu’une femme de 55 ans a été admise au CHU de Washington à Saint-Louis.

Tandis que ses plaies se sont infectées, le Docteur Yasir Hamad lui a alors rapidement administré de la minocycline par voie intraveineuse, un traitement antibiotique à large spectre.

Mais au bout d’une semaine, le traitement arrivant presque à son terme, la patiente a commencé à se plaindre de fortes nausées, d’un goût âcre dans la bouche, de diarrhées fréquentes et, contre toute attente, à souffrir de « lingua villosa nigra », ou « langue noire poilue ».

Cet effet secondaire particulièrement rare est caractérisé non pas par des poils qui poussent sur la langue, mais plutôt par la très forte coloration en noir des papilles gustatives : en temps normal, nos papilles gustatives, ces minuscules protubérances situés sur la surface de notre langue, ne mesurent jamais plus d’un ou deux millimètres.

Or, lorsque le symptôme de la langue noire poilue apparait, en plus d’être totalement teintées en noir, ces papilles grandissent subitement, au point d’atteindre les 18 millimètres de longueur (soit près de 2 cm), tels des poils.

Yasir Hamad, M.D., et David K. Warren, M.D., The New England Journal of Medicine

Un symptôme encore très peu connu par la science

En près de 10 ans de carrière, le Docteur Hamad n’avait encore jamais rencontré un cas pareil, bien qu’il ait entendu parler de cet effet secondaire un peu particulier au cours de ses études de médecine : « Je pratique la médecine depuis une dizaine d’années maintenant et c’est le premier cas [de langue noire poilue] que je rencontre » s’exclame-t-il.

Selon l’étude de cas que le Docteur Hamad et son confrère le Docteur David Warren ont rapporté, cette réaction aux antibiotiques ne survient que dans à peine 1 % des cas et à l’heure actuelle, les experts de la santé ne savent pas réellement pourquoi elle se produit.

D’après la théorie la plus plausible, la minocycline (l’antibiotique dont a bénéficié la patiente) favoriserait la croissance des papilles gustatives : sachant que les antibiotiques bouleversent notre flore bactérienne naturelle, certaines bactéries inhabituelles se développent à l’intérieur de notre bouche pendant la prise du traitement et se nourrissent des restes d’aliments emprisonnés dans ces mêmes papilles gustatives.
La mauvaise hygiène buccodentaire (brossage régulier des dents, tabagisme…) semble donc être à l’origine de ce phénomène singulier.

Fort heureusement, la langue noire poilue est un symptôme bénin et parfaitement réversible : la langue de la malade a recouvré sa couleur normale au bout de 4 semaines, en suivant les précieux conseils d’hygiène du Docteur Hamad.


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