Même si largement habitués à découvrir de nouvelles espèces, les paléontologues restent toujours très surpris lorsqu’ils tombent nez à nez avec un genre nouveau qui aurait existé il y a de cela des millions d’années.

Et c’est justement ce qui est arrivé à un petit groupe de scientifiques qui parcourait l’extrême-nord de l’État du Myanmar, en Asie du Sud-est.

Contre toute attente, ils ont déterré le fossile d’une guêpe aux caractéristiques un peu particulières : surnommée Dracula, il suffit de la regarder pour comprendre en quoi elle pourrait s’apparenter à un vampire…

Une découverte surprenante qui fait froid dans le dos

Décelé dans la Vallée de Hukaung à l’intérieur d’un petit morceau d’ambre birmane (une pierre précieuse peu commune de Birmanie occidentale dans laquelle il n’est pas rare de retrouver des restes d’animaux antiques), un duo de chercheurs vient tout juste de mettre en exergue le fossile mystérieux d’une guêpe à l’allure on ne peut plus effrayante.

Décrite dans leur étude, l’insecte en question ne mesure pas plus de 2,5 millimètres, mais se veut doté en contrepartie d’une mâchoire allongée, pendante, et de palpes particulièrement volumineuses dignes du plus épouvantable des vampires.

Baptisée Supraserphite draculi, les toutes premières analyses effectuées sur la créature suceuse de sang montrent qu’elle serait âgée d’au moins 100 millions d’années et qu’elle ferait sans aucun doute partie de ce que la communauté scientifique appelle les parasitoïdes.

D’un point de vue entomologique, cela signifie que la guêpe pond ses œufs à l’intérieur d’une proie qu’elle laisse volontairement en vie, attendant patiemment que ses petits se développent et se nourrissent directement de leur mère porteuse innocente dès lors qu’ils ont faim…

Rasnitsyn et al, 2019

Une taxonomie pas si simple que l’on ne le croit

De prime abord, on pourrait penser que le nom de Supraserphite draculi est apparu aux chercheurs de manière tout à fait évidente, mais en réalité, cette tâche s’est avérée bien plus compliquée que prévu.

En effet, il faut savoir qu’en découvrant la guêpe antique, les Professeurs en paléontologie Alexandr Rasnitsyn et Christoph Öhm-Kühnle se sont trouvés en face d’un dilemme scientifique de taille, notamment celui de savoir si elle fait partie d’une famille d’insectes volants déjà existante ou si les quelques caractéristiques physiques inédites qu’elle présente font d’elle un spécimen d’une espèce à part entière.

De ce fait, les deux experts ont longuement hésité avant de décider qu’elle appartient finalement à une sous-famille de guêpes bien distincte, et pour cause, cette dernière comporte des similitudes notoires aussi bien avec les Serphitidae que les Archaeoserphitidae.

Ainsi, elle ressemble en tous points aux Serphitidae, sauf qu’on y remarque une antenne sur le haut de sa mandibule, un clypeus qui se rapproche plus de la verticale que de l’horizontale ou encore des antennes couvertes de petites couronnes, tout comme chez les Archaeoserphitidae.

De même, compte tenu du nombre d’antennes supérieur à la normale de l’animal, de la complexité de ses ailes et de sa tête à palpe maxillaire étrange, il leur a semblé préférable de l’ériger comme étant la première guêpe retrouvée du genre nouveau de Supraserphite draculi.


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