Grüneboom et al./Nature Metabolism

Les découvertes faites dans le domaine médical ne manquent jamais d’étonner. Même si l’anatomie du corps humain est connue depuis des années, voire des siècles, grâce aux efforts des tout premiers chercheurs, beaucoup reste à faire.

Diagnostiquer une nouvelle maladie n’est pas inédit en soi, car différents états pathologiques peuvent apparaître suivant le style de vie communautaire et le matériel génétique lié à une zone géographique donnée. Toutefois, l’exploration d’une nouvelle partie du corps humain est, à ce stade, totalement inattendue…

Une avancée renversante

Les os sont un constituant assez distinct et surtout bien compris, à quelques détails près. Lorsque des scientifiques allemands y ont découvert une nouvelle structure jamais décrite auparavant, c’était la stupéfaction générale.

« Il est vraiment inattendu de pouvoir trouver une nouvelle structure anatomique qui n’ait été décrite dans aucun manuel au 21e siècle. » a expliqué Matthias Gunzer, immunologiste moléculaire de l’Université de Duisburg-Essen et à l’origine de la révélation.

En effet, lorsqu’il était en train d’étudier des cellules sanguines marquées par fluorescence, au cours d’une manipulation de routine chez des souris, il a pu les observer traverser un os solide. C’est ainsi qu’a débuté le projet de recherche visant à mettre en évidence ce phénomène inconnu dans la littérature médicale jusqu’alors.

Ce passage secret est, naturellement, très dur à détecter. Pour ce faire, Gunzer et son équipe ont utilisé du cinnamate d’éthyle, un composé chimique capable de rendre transparents les tibias de souris sélectionnées pour l’étude. Par la suite, ils ont eu recours à la microscopie à nappe de lumière, une technique nettement plus rapide qu’une microscopie à balayage, par exemple.

Enfin, et grâce à la microscopie à rayons X, l’identification de tous petits vaisseaux traversant l’os lamellaire compact s’est faite pour la première fois dans l’Histoire de la médecine. Selon les spécialistes, un tibia de souris en contient plus de 1000. Dans la même lancée, ils ont précisé que plus de 80 % des artères et 59 % des veines rencontrent ces petits canaux à un moment ou à un autre, ce qui n’est pas rien.

« Je n’avais jamais vu des vaisseaux pareils. » a affirmé Ralph Müller, chercheur en biomécanique au Swiss Federal Institute of Technology au STAT. « Cela dit, nous ne les avions jamais cherchés non plus. C’est donc une surprise qui nécessite d’être reproduite dans d’autres laboratoires. » a-t-il ajouté.

Grüneboom et al., Nature Metabolism

Une utilité extraordinaire

Ce sont donc ces vaisseaux -transcorticaux (VTC) qui aident enfin à comprendre un mystère qui date du siècle dernier. Effectivement, les scientifiques ne sont jamais réellement arrivés à comprendre comment les médicaments injectés aux soldats blessés, directement au niveau de leur moelle osseuse à cause de l’urgence, pouvaient agir aussi rapidement.

« Malgré les preuves cumulées démontrant la complexité de l’apport sanguin dans les os, les mécanismes moléculaires et l’anatomie sous-jacente au transfert des cellules et des fluides de la moelle osseuse vers la circulation générale sont restés incertains. » a justifié un commentaire sur la nouvelle étude publiée dans Nature Metabolism.

Matthias Gunzer s’est porté volontaire pour mettre en évidence la présence de ces mêmes structures chez l’humain et, comme l’ont déterminé les différents tests, ils existent bel et bien et sont même plus larges. Leur fonction reste encore à explorer.

« C’est totalement fou qu’il reste encore des choses à découvrir sur l’anatomie humaine. » a déclaré Gunzer au New Scientist. « Nous avons découvert des vaisseaux sanguins dans un nouvel endroit que nous ne connaissions pas. »

Cette incroyable histoire rappelle celle de la découverte d’un système de tunnel secret dans le crâne par une étude menée par Harvard, l’année dernière.

« Comme les pathologies clés touchant les os sont associées avec des altérations des TCV, de nouvelles possibilités de recherche caractérisant davantage leur rôle dans la biologie du squelette et dans les maladies peuvent être envisagées. » précisent les auteurs en soulignant que les maladies inflammatoires, les lésions tissulaires, la migration cellulaire et une meilleure compréhension de la circulation sanguine sont les principales cibles, à l’avenir.


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