Mona Mok/Unsplash

Le goût succulent des dattes de Judée a marqué les mémoires pendant des siècles. Le cultivar fruitier n’est malheureusement plus d’actualité, mais une découverte récente constituerait peut-être la renaissance de cette baie perdue… 

Un fruit affectionné par le passé

Des graines de dattier ont été récoltées dans des ruines et des grottes. Particulièrement anciennes, elles sont âgées de plus de 2000 ans et ont même permis de cultiver des plantes.

Cet exploit inattendu suggère une viabilité extrêmement longue de ces semences et oriente donc les scientifiques vers des études plus approfondies.

Les recherches ont établi que la culture du palmier Phoenix dactylifera est issue d’un croisement entre des variétés orientales locales (ou introduites) avec des variétés occidentales qui se veulent nettement différentes génétiquement. 

Afin de retrouver les fameuses dattes louées par Hérodote, Galien ou Pline l’Ancien, les archéologues ont récupéré des centaines de graines d’une forteresse construite par le roi Hérode le Grand ainsi que dans des grottes situées dans le sud d’Israël, entre les collines de Judée et la mer Morte. 

Sarah Sallon, Docteure à l’Organisation médicale Hadassah en Israël, a étudié cette récolte avec son équipe : parmi 34 graines supposées les plus viables, 1 a été isolée en tant que témoin et les 33 autres ont été cultivées dans des conditions favorables.

À la fin du processus, 6 d’entre elles ont germé avec succès. Baptisées Jonas, Uriel, Boaz, Judith, Hannah et Adam, cette expérience a été plus fructueuse que la tentative de 2008 qui a permis de produire un seul arbre, surnommé Methuselah.

Pour savoir plus, les scientifiques ont analysé des fragments de coques de graines toujours accrochées aux racines des plantes. Ils ont ainsi pu évaluer leur âge grâce à la technique de datation au radiocarbone. Celles-ci avaient une ancienneté comprise entre 1800 et 2400 ans.

graines
Guy Eisner

De meilleures dattes à venir

Les profils ADN des semences et des palmiers actuels ont révélé des échanges de matériel génétique entre les dattiers orientaux du Moyen-Orient et occidentaux d’Afrique du Nord.

Il semble donc possible de réaliser la sélection des caractères souhaitables chez les arbres cultivés, et ce, en faveur des pratiques agricoles modernes.

De plus, grâce à leurs multiples vertus nutritionnelles, médicinales et leur longue durée de vie, ces dattes ont connu une popularité importante au sein de l’Empire romain à l’époque.

Il en existait toutefois plusieurs types dans l’Antiquité et les experts ont découvert que les baies d’antan étaient jusqu’à 30 % plus grosses que celles d’aujourd’hui, comme c’est le cas de celles issues de la variété dite « Nicolai », qui mesuraient pas moins de 11 cm.

Cela dit, la germination de ces graines est particulièrement étonnante étant donné qu’habituellement, celles stockées depuis longtemps poussent moins lorsqu’elles sont enfin plantées.

Maintenant que ces fruits ont fait leur grand retour, les scientifiques sont à la recherche du secret de la viabilité de ces dernières. Il va sans dire que cela pourrait avoir un impact d’envergure mondiale pour l’agriculture.

Petit à petit, des informations sont rassemblées autour des caractéristiques du dattier afin de reconstituer ses différents phénotypes.

À ces fins, d’anciens plants mâles sont utilisés afin de polliniser les femelles antiques, ce qui contribuera probablement à mieux comprendre la physiologie du palmier de Judée.


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