Dennis Spain, HURLBURT FIELD

Qu’ils soient prescrits par les experts de la santé ou non, les antidouleurs sont certainement les médicaments les plus vendus en pharmacie : disponibles sans ordonnance pour la majorité d’entre eux, il existe aujourd’hui mille-et-un analgésiques, aussi bien pour nos petits bobos du quotidien (mal de tête, rhume, règles douloureuses, courbatures…) que pour des douleurs plus importantes (brulures, fractures, blessures graves…)

Paracétamol ou AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens), si leur efficacité est indéniable et on ne peut plus rapide, les effets secondaires de certains d’entre eux sont pourtant dangereux…

Une étude à très grande échelle inquiétante

Menée en 2018 par le Professeur Morten Schmidt du CHU d’Aarhus, une toute nouvelle étude a démontré combien l’utilisation d’un certain type d’anti-inflammatoires non stéroïdiens est à double tranchant : tandis que le diclofénac (ou Voltarène) nous soulage presque instantanément, il multiplie aussi le risque de faire une crise cardiaque lorsqu’il est pris sur le long terme.

Pour en arriver à cette conclusion, le Professeur Schmidt et son équipe ont analysé les dossiers médicaux de 6,3 millions de danois, qu’ils ont soigneusement divisés en 3 grands groupes : ceux qui ont pris du diclofénac de manière régulière, ceux qui étaient soignés par du paracétamol et ceux qui ne prenaient aucun analgésique.

Notons par ailleurs que tous les patients ne présentaient aucun antécédent cardiaque ou facteur de risque quelconque.

Les résultats de l’étude ont montré que les membres du premier groupe, ceux traités au diclofénac quotidiennement pendant plus d’un mois, avaient 50 % plus de risques de développer des pathologies cardiaques ou des hémorragies gastro-intestinales que ceux qui n’en ont pas consommé, et entre 20 et 30 % plus de risques que les personnes qui ont été traitées au paracétamol ou à l’ibuprofène : « Le diclofénac présente un risque cardiovasculaire comparé à la non-utilisation de celui-ci, à l’utilisation du paracétamol et à l’utilisation d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens traditionnels », alerte le Professeur.

Doctor Autumnal sky, Wikipédia

La demande d’une mise en garde internationale

Compte tenu de ces résultats, le Professeur Schmidt estime qu’il est plus qu’urgent d’informer les citoyens sur les possibles effets du diclofénac : « Il est temps de reconnaitre le risque potentiel pour la santé du diclofénac et de réduire son utilisation » dit-il.

Bien que ce ne soit pas la première recherche qui alerte contre cet anti-inflammatoire, jamais une étude n’avait encore été réalisée sur un échantillon aussi important.

Si le Royaume-Uni a déjà retiré le diclofénac de la vente libre, la majorité des autres États permettent encore de se le procurer sans ordonnance.

Cependant, le Professeur rappelle qu’il ne s’agit que d’une étude dite d’observation et qu’une conclusion définitive ne pourra être donnée qu’après avoir procédé à des analyses plus poussées.

Toutefois, même s’il ne cherche en aucun cas à diaboliser l’anti-inflammatoire non stéroïdien mis en cause, qui reste malgré tout une béquille pour de nombreux patients, il souhaite néanmoins que les gouvernements avertissent la population quant aux risques liés à son utilisation prolongée et recommande vivement aux professionnels de la santé de prescrire d’autres AINS en premier lieu lorsque les traitements nécessitent d’être conduits au-delà d’une certaine période.


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