Même si nous ne sommes pas sans savoir que notre planète a toujours été imprévisible et amatrice de phénomènes on ne peut plus singuliers, il est toujours très étonnant pour la communauté scientifique de devoir faire face à des lieux qui défient les lois de la nature.
Et à ce propos, le lac Natron, situé en Afrique subsaharienne au nord-est de la Tanzanie, ne ressemble en rien à ceux que nous avons eu l’occasion de voir jusque là.
Calmes et paisibles en apparence, ses eaux troubles sont pourtant loin d’être anodines et abritent en leur sein d’innombrables mystères scientifiques, qui, bien que résolus pour certains d’entre eux, demeurent vraiment très déconcertants…
Une étendue d’eau surprenante
Contrairement aux lacs tout à fait communs qui habitent la Terre, le lac Natron possède quelques particularités qui donnent la nette impression qu’il sort tout droit d’un film d’horreur.
En plus d’être de couleur rouge sang, il transforme tout être vivant qui s’y approche de trop près en statue de sel.
Cette situation est tellement étrange qu’elle attire des milliers de visiteurs chaque année, dont des photographes tels que Nick Brandt qui ont pris des clichés effrayants de dizaines d’animaux qui se sont retrouvés littéralement pétrifiés après s’y être aventurés.
Mais curieusement, quelques rares espèces arrivent cependant à survivre sans aucun mal à ce cours d’eau.
C’est notamment le cas des flamants nains, un type d’oiseaux menacé d’extinction semblable en tous points aux flamants roses, mis à part leur taille qui se veut légèrement plus petite que celle de leurs compères et leur plumage un peu plus pâle.
Non seulement ces derniers sont naturellement immunisés contre cette transformation déroutante, mais ils semblent fortement s’y plaire de surcroît, à tel point que chaque année, lorsque son niveau est au plus bas, des millions de flamants nains s’y rejoignent pour que les femelles puissent pondre leurs œufs, attendant patiemment que ceux-ci éclosent et grandissent avant de s’en aller vers d’autres contrées.
En outre, il renferme des Alcolapia latilabris, un genre de tilapias d’à peine 6 cm qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde, ainsi que quelques familles de microorganismes adeptes des environnements hostiles (dont les spirulines et les cyanobactéries) qui, entre autres, sont responsables de la teinte inhabituellement rouge de ses eaux.
Un phénomène impensable, mais expliqué par la science
Aussi stupéfiant cela puisse paraître, ces circonstances ne sont pourtant pas si improbables qu’elles en ont l’air.
En effet, la plus grande majorité des animaux ne sont pas aptes à supporter l’eau du lac Natron pour deux raisons principales.
Tout d’abord, il faut savoir que nous avons affaire à un lac salé dont les températures sont comprises entre 40 et 50 degrés et où le pH avoisine les 10,5, ce qui est presque aussi alcalin que l’ammoniac, un gaz qui s’avère extrêmement toxique lorsqu’il est inhalé à trop forte dose.
De ce fait, il est évident que ni la faune ni la flore ne puisse résister à un milieu aussi extrême.
Enfin, l’importante salinité du lac Natron est due à l’Ol Doinyo Lengai, un volcan actif situé à proximité directe qui déverse des quantités exceptionnelles de natro-carbonatites, un type de lave connue pour sa fluidité et pour sa concentration en natron, un mélange de carbonate et bicarbonate de sodium, qui n’est autre qu’une forme de sel.
De plus, sa salinité ne risque pas de disparaître ni même de s’amoindrir ne serait-ce qu’un peu, car contrairement aux cours d’eaux douces, les eaux de pluie qui tombent dans le lac Natron ont la singularité de ne jamais se déplacer vers les rivières puis dans les océans.
Ces dernières s’accumulent inlassablement dans une cuvette souterraine, ne laissant derrière elles que de gigantesques croûtes de sel, en attendant que les prochaines averses aient lieu, et ce, éternellement…