Voici une idée qui n’a probablement jamais traversé l’esprit de la plupart des passionnés de l’espace : un gaz émis par les brocolis (et d’autres plantes) est l’un des signes les plus révélateurs de l’existence de la vie sur une planète.
C’est du moins ce que révèle une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université de Californie Riverside.
Ce gaz, le bromure de méthyle, est associé depuis longtemps à la vie sur Terre. Il provient naturellement du processus de défense des plantes.
La méthylation, comme on appelle ce processus de défense, permet aux plantes d’expulser les contaminants étrangers, comme le bromure, en lui fixant une série d’atomes de carbone et d’hydrogène, ce qui le gaze et lui permet de s’échapper dans l’air.
Le bromure de méthyle, en particulier, est intéressant d’un point de vue astrobiologique. Il a été utilisé comme pesticide jusqu’au début des années 2000 et présente plusieurs avantages importants par rapport à d’autres biosignatures potentielles s’il apparaît dans l’atmosphère d’une exoplanète.
Premièrement, il a une durée de vie relativement courte dans l’atmosphère d’une planète. Cela est particulièrement important pour la recherche d’exoplanètes, car cela signifie que le processus qui produit le gaz est très probablement encore actif. Sa présence n’est pas simplement le résultat d’un événement géologique survenu il y a des lustres.
Un deuxième avantage est celui que tous les astrobiologistes aiment voir : il y a très peu de processus non biologiques qui produisent le gaz, et même ces processus ne sont généralement pas naturels.
Bien qu’il soit aujourd’hui considéré comme un produit chimique dangereux, le bromure de méthyle était produit en grandes quantités pour être utilisé comme pesticide avant d’être réglementé en raison de ses effets délétères sur la santé.
Un troisième avantage est la longueur d’onde spectroscopique qu’il partage avec un gaz « cousin » qui est également une biosignature – le chlorure de méthyle, qui résulte également du processus de méthylation.
Leur signature combinée les rendrait beaucoup plus faciles à détecter de loin, et tous deux indiquent l’existence d’un processus biologique, bien qu’il soit possible de distinguer le chlorure de méthyle du bromure de méthyle, le chlorure de méthyle ayant déjà été observé autour de certaines étoiles, ce qui était probablement dû à un processus inorganique.
Ce n’est pas tout à fait un avantage, mais une particularité intéressante de la capacité à détecter le bromure de méthyle, c’est qu’il serait relativement difficile de le détecter dans l’atmosphère terrestre à grande distance.
Ses niveaux de concentration sont assez élevés, mais la lumière UV du Soleil provoque la séparation des molécules d’eau dans l’atmosphère en composés qui éliminent le bromure de méthyle, de sorte qu’il n’existe pas très longtemps dans l’atmosphère terrestre.
La lumière UV n’est cependant un problème que pour les étoiles semblables au Soleil. Autour des étoiles comme les naines M, qui sont 10 fois plus fréquentes dans la galaxie que les étoiles semblables au Soleil, il y aurait moins de rayonnement UV qui pourrait potentiellement briser la molécule de bromure de méthyle.
Comme ces naines M seront parmi les premiers endroits où les astrobiologistes se rendront, elles pourraient être une chance de voir une accumulation de bromure de méthyle dans leurs atmosphères.
Cette découverte pourrait toutefois devoir attendre un peu. Même le JWST n’est pas conçu pour détecter les éléments traces dans l’atmosphère d’une exoplanète.
Toutefois, dans les prochaines années, certains télescopes terrestres seront à la hauteur de la tâche. Les astrobiologistes devront attendre que ces télescopes soient mis en service avant de pouvoir réellement rechercher cette biosignature très intéressante.
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