Courtesy of SLU's Center for Vaccine Development

Pour un scientifique, il n’est pas toujours évident de se réjouir d’une nouvelle avancée en science. Les enjeux étant trop grands, il est important de prendre du recul avant de pousser le fameux Eurêka, signe de victoire.

C’est exactement le cas lorsqu’il s’agit de développer de nouveaux vaccins. Véritable challenge, rares sont les vaccins qui ont réellement prouvé une efficacité indiscutable. Celui contre le virus de la polio par exemple a été exemplaire, participant de manière active à l’éradication de la poliomyélite dans de nombreux pays.

Cependant, certains agents pathogènes demeurent résistants. Le virus de la grippe par exemple provoque encore de fortes épidémies saisonnières, conduisant à quelques milliers de cas de décès à travers le monde.

Challenge scientifique par excellence, l’amélioration du vaccin contre la grippe et le suivi de son efficacité est le sujet préféré de nombreux chercheurs. Les procédés d’amélioration pouvant être aussi amusants que la mise en place d’un véritable « Hôtel Influenza , ce qui explique cet enthousiasme.

Véritable étude « challenge » sur les humains

Il existe cet hôtel du nom de « Hôtel Influenza » où vous serez payé 3000 euros pour être infecté par une souche du virus de la grippe.

Cet hôtel peu conventionnel fait partie du Centre de Développement de Vaccins de l’Université Saint Louis, financé par les Instituts Nationaux américains de Santé.

Plusieurs méthodes sont adoptées pour étudier l’efficacité de vaccin, mais elles ont toutes démontré leurs limites. Une des démarches les plus utilisées consiste à suivre la production d’anticorps anti-grippaux par le système immunitaire des sujets préalablement vaccinés. Fastidieuse et coûteuse, cette procédure trouve un remplaçant plus intéressant et plus fiable au sein de cet hôtel hors du commun.

Courtesy of SLU’s Center for Vaccine Development

Selon les chercheurs et une déclaration de l’Université, la création de cette unité de recherche à séjour prolongée fournit des résultats plus sérieux, une modélisation applicable à la réalité et un suivi personnalisé des résultats.

Cette nouvelle démarche consiste à vacciner des sujets volontaires et sains, avec un vaccin test et un traitement placebo, pour ensuite les exposer délibérément à l’Influenzavirus.

Cette unité de recherche isolée – pour des raisons évidentes – peut accueillir environ 24 volontaires avec toutes les commodités d’un vrai hôtel : des salles de bain privatisées, un accès au Wifi et même à une salle de sport et bien entendu, une cuisine avec traiteur. Un espace commun pour faire connaissance avec les autres volontaires est également mis à disposition.

Il va sans dire que des infirmiers et autres personnes du corps médical sont disponibles 24h/24 afin de veiller sur la santé de chaque bénévole. Tout ceci reste une belle façon de dire que c’est une mise en quarantaine et un suivi chronométré pendant la durée de l’étude, qui est d’environ 10 jours.

Un pas pour la science

PxHere.

Les humains partagent une histoire plutôt dramatique avec le virus de la grippe. La plus grande épidémie de la grippe a vu le jour en 1918, tuant par son passage 100 millions de personnes, soit environ 5% de la population mondiale de l’époque. De nos jours encore, 56.000 personnes décèdent aux Etats-Unis suite à une infection par les différentes souches du virus de l’Influenza, rien que ça !

Il est important de mentionner que l’Influenzavirus existe en plusieurs souches, chacune caractérisée par des particularités qui lui sont propres. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le défi majeur reste de prédire la souche de prévalence à chaque saison épidémique, afin de pouvoir créer et commercialiser le vaccin apte à être réellement efficace.

Malheureusement les choses ne sont pas aussi linéaires et prédictibles en science. Plusieurs facteurs, loin d’être gérables d’ailleurs, peuvent conduire à l’émergence d’une souche différente de celle initialement prédite par les scientifiques. Le vaccin est alors beaucoup moins performant que prévu.

Actuellement, des efforts sont déployés par la communauté scientifique afin de pouvoir développer un vaccin universel. Ce super-vaccin a pour but de protéger le sujet vacciné contre toutes les souches connues de l’Influenzavirus, contrairement à celui développé selon des prédictions et des probabilités.

Quelques expériences sur des modèles animaux sont tout de même prometteuses. Des essais cliniques améliorés, comme c’est le cas pour « l’Hôtel Influenza », sont les méthodes de choix pour tester les traitements potentiels en termes d’efficacité, mais surtout, de sûreté.

Les chercheurs pensent pouvoir mener la première étude pilote au sein de ce centre de recherche original et prometteur dans les six prochains mois.

Ce n’est pas la première fois qu’une étude ‘’challenge’’ similaire a été menée. En effet, le mois dernier, il a été question de voir si des volontaires ayant reçu de l’eau contaminée par E.coli ont été atteint de diarrhée. Plusieurs essais visant à suivre des traitements contre l’asthme ou même le VIH sont également en cours d’étude.


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