Nous avons sans doute tous déjà expérimenté des sentiments particuliers à l’écoute de la musique, comme la joie ou la tristesse. Certains d’entre nous, vont jusqu’à avoir « la chair de poule » ou le « Frisson ».
Cela se sent comme des vagues de plaisir qui courent sur toute la peau. Des chercheurs l’ont même surnommé «l’orgasme cutané».
Les statistiques sur la prévalence du frisson varient, des études montrent qu’entre 55% et 86% de la population est capable de ressentir cet effet.
« L’expérience peut être si intense que vous ne pouvez rien faire d’autre », dit Psyche Loui, psychologue à l’Université Wesleyan.
Des mécanismes complexes se cachent derrière
Bien qu’il existe une relation très forte entre le frisson musical et l’émotion perçue par l’auditeur, l’interaction entre les deux est complexe sur le plan physiologique.
Patrik N. Juslin, professeur de psychologie à l’Université d’Uppsala, en Suède, propose un modèle à huit volets d’émotions musicales susceptibles de provoquer un frisson, tout en expliquant les mécanismes impliqués.
D’abord, Juslin décrit un mécanisme réflexe dépendant de l’excitation du système nerveux autonome (SNA), déclenché par les différentes fréquences des sons allant de l’aigu au grave. Il en résulte une augmentation de la fréquence cardiaque, une profondeur respiratoire ainsi qu’un frisson.
La connexion entre frisson et le système nerveux central est encore renforcée par l’étude de Goldstein (1980) où le chercheur souligne : ‘’Bien que la sensation soit perçue à la surface du corps , il faut supposer qu’il s’agit de l’action d’un foyer neuronal central et autonome. L’amygdale est un candidat possible en raison de son rôle dans l’émotion’’
Par ailleurs, Juslin nous parle de contagion émotionnelle, cette capacité à déterminer une émotion à partir d’un stimulus qui peut être auditif, puis de refléter empathiquement cette émotion. Par exemple, si nous entendons de la musique triste, nous sommes capables de reconnaître cette tristesse et de nous sentir tristes.
Ce mécanisme se rapporte au frisson si nous concevons que le frisson contribue à l’intensité émotionnelle perçue, chose approuvée par bon nombre d’études (Blood et Zatorre, 2001, Huron, 2006, Juslin et Västfjäll, 2008, Juslin, 2013).
En outre, l’espérance musicale, fait référence aux émotions suscitées lorsque l’attente de l’auditeur est surprise. C’est le mécanisme le plus largement théorisé comme étant responsable du frisson.
Il peut avoir lieu par exemple, face à des passages musicaux comprenant des harmonies inattendues, des changements brusques de volume ou l’entrée en mouvement d’un soliste. Ce fut le cas notamment lors de la première performance de Susan Boyle. dans “Britain’s Got Talent.”
Pourquoi certains et pas d’autres ?
Il a été démontré que si une personne était plus immergée cognitivement dans un morceau de musique, elle serait plus susceptible d’éprouver un frisson. Cette propriété dépend de la personnalité de chaque être humain.
Pour confirmer ceci, des participants ont été connectés à un instrument qui mesure les changements de résistance électrique de la peau, et ont été invités à écouter plusieurs morceaux de musique.
En comparant ces données aux mesures physiologiques et à un test de personnalité, des conclusions uniques ont été tirées pour la première fois: Les auditeurs qui ont expérimenté le frisson ont également obtenu un score élevé pour un trait de personnalité appelé Ouverture à l’Expérience.
Les personnes possédant ce trait ont une imagination exceptionnellement active, apprécient la beauté et la nature, recherchent de nouvelles expériences, réfléchissent souvent profondément à leurs sentiments et aiment la variété dans la vie.
Certains aspects de ce trait sont intrinsèquement émotifs (amour, beauté reconnaissante) et d’autres sont cognitifs (imagination, curiosité intellectuelle).
Ces résultats, récemment publiés dans la revue Psychology of Music, indiquent donc que ceux qui s’immergent intellectuellement dans la musique peuvent ressentir plus souvent et plus intensément que d’autres l’Orgasme cutané.