Même si nous n’y réfléchissons jamais vraiment, les noms des villes, des rues, et de tous les lieux qui nous entourent d’une manière plus générale, sont d’une importance capitale lorsqu’on y pense. Car il faut bien avouer que sans eux, on ne pourrait pas faire un seul pas en dehors de notre propre quartier sans se perdre ni donner rendez-vous à qui que ce soit, à moins d’avoir un satellite à la place du cerveau.

Tandis que la plupart sont simples et faciles à retenir, d’autres en revanche se veulent un peu plus complexes, voire strictement impossibles à retenir ou même à épeler. C’est d’ailleurs le cas de ce lac américain, qui, en plus d’être particulièrement long, comporte visiblement deux fautes d’orthographe…

Un lac au nom hors du commun

Situé dans l’État du Massachusetts, le lac Chargoggagogg­manchauggagogg­chaubunagungamaugg, plus communément appelé « lac Webster » (en référence à la ville où il se trouve) ou « lac Chaubunagungamaug » pour les plus endurcis, a de quoi décourager tous ceux qui s’aventurent à le lire entièrement, sauf peut-être en ce qui concerne les responsables locaux de la Chambre de Commerce, qui, en plus de le connaître par cœur, se sont rendu compte que certaines plaques du lieudit ont été mal orthographiées.

En effet, il s’avère que sur quelques panneaux, le « u » qui se trouve à la 20e place a malencontreusement été remplacé par un « o ». Même constat pour la 38e lettre, le « n », qui s’est retrouvé accidentellement substitué par un « h ».

Howderfamily.com

Même si cela ne change en rien la difficulté à prononcer le nom du lac, il faut savoir qu’il ne s’agit pas là d’une suite hasardeuse de 45 lettres, mais qu’il a bel et bien une signification.

Issu de la langue de la tribu amérindienne Nipmuc (qui vivait encore à Webster au moment de la fabrication de ces plaques au 19e siècle), « chargoggagogg­manchauggagogg­chaubunagungamaugg » signifie « Anglais à Manchaug, au lieu de pêche à la frontière ».

6SN7, Flickr

Dans cette expression curieuse, le mot « Manchaug » est en fait la tribu indienne qui vivait de l’autre côté de ce fameux lac. Quant à « l’Anglais » dont il est question, c’est le surnom que les Nipmuc avaient donné à Samuel Slater, un industriel anglais qui a immigré aux États-Unis et qui a construit plusieurs usines de textile à Webster, juste à côté du lac.

Le lac en question. Bree Bailey, Flickr

Un cas pas si unique que l’on pourrait le penser

Il y a de fortes chances pour que « Chargoggagoggmanchauggagoggchaubunagungamaugg » soit le toponyme de lieu le plus compliqué que vous n’ayez jamais eu l’occasion de rencontrer.

Considéré comme étant le plus long aux États-Unis avec pas moins de 45 lettres à son actif, il est pourtant loin d’être le seul à être aussi fastidieux à déchiffrer.

Ainsi, si vous avez un jour l’occasion de visiter la Nouvelle-Zélande, ne ratez surtout pas Taumatawhakatangihangakoauauotamateaturipukakapikimaunga-horonukupokaiwhenuakitanatahu, cette magnifique petite colline verdoyante de seulement 305 mètres d’altitude au sud-est de l’île du Nord et que l’on peut traduire du maori par « Le sommet où Tamatea, l’homme aux gros genoux qui dévalait, avalait et grimpait des montagnes, le marcheur invétéré, joua de sa flûte à un être cher ».

Wikipedia Commons

Bien que difficile à trouver parmi les autres montagnes compte tenu de sa faible hauteur, il vous suffira de demander autour de vous pour que des riverains vous guident.

Après tout, ce n’est pas comme si son nom comportait 85 lettres…

Et si, malgré tout, vous avez du mal à l’épeler, n’hésitez pas à utiliser, comme les Néozélandais, sa forme abrégée « Taumatawhakatangihangakoauauotamateapokaiwhenuakitanatahu » qui ne comporte, par chance, seulement 57 lettres, soit une de moins que « Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch », qui n’est autre que l’appellation d’un petit village au nord-ouest du Pays de Galles.

Bien que cette dernière renferme nettement plus de consonnes que de voyelles, donnant presque l’impression qu’il s’agit d’une mauvaise farce, elle indique en réalité « L’église de Sainte-Marie dans le creux du noisetier blanc près du tourbillon rapide et l’église de Saint-Tysilio près de la grotte rouge ».

Mais ce n’est pas tout, cette bourgade se trouve à un peu moins d’une heure de route de la gare anciennement dénommée « Gor­sa­fawd­dacha’id­rai­go­dan­hed­dogled­dol­lôn­pen­rhy­na­reur­draeth­ce­re­di­gion » (« La gare Mawddach et ses dents de dragon à la Route de Northern Penrhyn sur la plage dorée de la baie de Cardigan »).

Fort heureusement pour ceux qui faisaient souvent la route entre ces deux villages, ce toponyme de 68 lettres a officiellement été remplacé en 2007 par les autorités locales, et se nomme « Golf Halt » depuis.


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