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Si aujourd’hui les adoptions concernent en général les enfants, 98 % des adoptés au Japon sont des hommes de 20 à 30 ans. Ainsi, près de 80 000 adultes ont été adoptés en 2000, 90 000 en 2008 et les chiffres ne cessent de croître au fil des années.

En plus de leur transmettre leur nom de famille, les parents adoptifs transmettent par la même occasion la future direction de leur entreprise. En contrepartie, les hommes adoptés reçoivent de nombreux cadeaux et d’importantes sommes d’argent, qu’ils distribuent généralement à leur famille biologique.

Un moyen efficace et intelligemment utilisé

Il faut savoir que les valeurs telles que le travail et la famille occupent une place importante dans la tradition japonaise et c’est la raison pour laquelle les Japonais estiment qu’une entreprise doit impérativement rester familiale.

La coutume veut que le flambeau se transmette de père en fils, encore faudrait-il que ce dernier soit compétent et puisse diriger l’entreprise de la meilleure manière qui soit.

Pour les familles qui n’ont que des filles ou un fils qui n’a pas le profil pour devenir le futur héritier, l’adoption d’un gendre (« mukoyōshi » ou « mari adopté ») ou d’un homme adulte au CV professionnel idéal (« yōshi-engumi » ou « adoption d’un héritier ») est le moyen le plus rapide, mais surtout le plus sûr pour que l’entreprise familiale ne périsse pas.

C’est donc partant de ce principe que les PDG de grands groupes comme Suzuki, Toyota, ou encore Canon ont perpétué la tradition en adoptant un mukoyōshi chaque fois que le besoin d’un nouvel héritier s’est fait ressentir.

Ainsi, Osamu Suzuki, l’actuel PDG de l’entreprise Suzuki s’appelait Osamu Matsuda avant de se marier avec la petite fille du propriétaire et fondateur du groupe.

Claudio Munoz

Une pratique ancestrale parfaitement légale

Les multinationales sont loin d’être les seules à adopter des héritiers ; cette pratique est également très présente dans les fermes japonaises, où les femmes sont perçues comme étant trop fragiles physiquement pour s’occuper seules du bétail et des grosses machines agricoles.

Pour pallier le problème, les parents n’hésitent pas à les marier et à adopter par la même occasion leur gendre qui reprendra l’entreprise familiale.

Parfaitement légale, mais relevant davantage de la tradition que de la loi, l’adoption d’un adulte a permis et permet encore aujourd’hui à de très nombreuses entreprises de garder précieusement leur statut d’entreprise familiale : c’est ainsi que l’auberge Hoshi, un hôtel traditionnel japonais créé en 718, fait partie des plus anciennes entreprises familiales au monde.

Même si d’un point de vue occidental cette pratique paraît archaïque et dépassée, elle ne cesse d’attirer de nombreux jeunes hommes qui n’hésitent pas à user des nouvelles technologies pour s’inscrire à des sites de rencontres spécialisés, pour trouver leur prochaine femme et famille d’adoption par la même occasion.

De même, les familles détentrices d’une entreprise qui souhaitent rencontrer leur futur héritier peuvent faire appel à des agences matrimoniales pour trouver celui qui conviendra à leurs besoins.

Depuis les années 60, le taux de natalité ne cesse de baisser au Japon et la chance d’avoir un fils héritier se veut de fait de plus en plus mince.

L’adoption d’adultes est donc la solution idéale pour contrebalancer ce phénomène et offre alors aux chefs d’entreprises l’assurance d’une descendance compétente.


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