Oscar Keys via Unsplash.

Maladie psychiatrique chronique qui touche environ 21 millions de personnes à travers le monde, la schizophrénie est définie comme étant un ensemble de troubles cognitifs tels que les hallucinations auditives et/ou visuelles à répétition, les délires (paranoïaques, de persécution…), ainsi qu’un discours irrationnel et confus.

Tandis que l’on sait qu’elle survient généralement entre 15 et 35 ans, aussi bien chez les femmes que chez les hommes, une étude australienne a démontré que pour une raison bien mystérieuse, une catégorie spécifique de personnes aveugles n’en est pas atteinte…

Un phénomène incompris, mais déjà remarqué par le passé

Dirigée par un groupe de chercheurs de l’Université d’Australie-Occidentale, une étude à large échelle a révélé, ou du moins confirmé que chez les individus qui souffrent de cécité corticale, le risque de développer un trouble schizophrénique est complètement nul.

Il faut savoir que contrairement à la cécité périphérique, qui est due à des lésions progressives et plus ou moins rapides aux yeux, la cécité corticale (ou « précoce ») se manifeste dès la naissance des suites d’une anomalie cérébrale, et plus particulièrement au niveau du lobe occipital, une région située à l’arrière du cerveau qui gère tout ce qui est en relation avec la vision.

Pour mener à bien leur expérience, les scientifiques ont minutieusement examiné les dossiers médicaux de pas moins de 467 945 adolescents et adultes, tous nés en Australie-Occidentale entre 1980 et 2001.

D’après leur analyse, il s’est avéré que 1 870 personnes ont été diagnostiquées schizophrènes.

Parallèlement, les résultats ont également montré que 66 individus sont nés avec une cécité corticale, mais qu’aucun de ces derniers n’est atteint de trouble schizophrénique.

Par contre, ils ont retrouvé quelques personnes souffrant de cécité périphérique parmi les schizophrènes.

« Le phénomène de protection observé dans les études de cas de personnes atteintes de cécité corticale congénitale, et maintenant corroboré par les données de l’ensemble de la population, mérite une étude clinique approfondie », soulignent les auteurs avant d’ajouter que « dans toutes les recherches précédentes, aucun cas de personne aveugle de nature congénitale qui a développé la schizophrénie n’a été signalé ».

Joe Skinner, Flickr

Un constat à prendre en compte pour les recherches à venir

À vrai dire, ce n’est pas la première fois que les chercheurs remarquent que la cécité précoce prévient la schizophrénie, mais les participants examinés pour les études précédentes étaient trop peu nombreux pour constituer une vérité scientifique à part entière.

Cependant, suite au travail des auteurs, et compte tenu de leur échantillon on ne peut plus conséquent, il ne fait à présent aucun doute que la cécité corticale permet d’inhiber la schizophrénie.

Grâce à ces nouvelles données, nous pourrons désormais comprendre un peu mieux comment fonctionne cette pathologie psychiatrique que les experts de la santé n’ont pas encore totalement percée à jour.

De même, les traitements administrés aux patients atteints, bien que de plus en plus efficaces au fil des années, seraient à même de devenir encore plus actifs, ciblés et opérants.

Selon leur théorie, il semblerait que le fait de naître aveugle à cause d’une altération du lobe occipital engendre automatiquement une amélioration des autres grandes zones du cerveau responsables du langage, de la mémoire et de l’audition, autrement dit de toutes celles qui font habituellement défaut aux schizophrènes.

Même si cette conclusion ne veut pas forcément dire qu’il existe un lien étroit entre la schizophrénie et le lobe occipital, cela reste malgré tout une piste à explorer et « offre l’espoir d’identifier des cibles potentielles d’intervention précoce et de prévention de la schizophrénie », comme l’expliquent les chercheurs.


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