Eye for Ebony/Unsplash

Le nombre de grossesses gémellaires est en perpétuelle croissance depuis plusieurs années, à tel point que près de 2 % des habitants de la Terre sont jumeaux.

Qu’ils soient vrais ou faux, ces derniers fascinent dans bien des aspects, tant par leurs ressemblances que par leurs différences.

Cette merveille de la nature suscite la curiosité des grands et des petits. Mais on ne parle que trop peu souvent de ce que ressentent les principaux intéressés. En effet, exister aux côtés d’un « double » est une expérience hors du commun qui n’est pas vécue de la même manière par tous les jumeaux…

Une différence statistique non négligeable

Quand un garçon et une fille sont conçus ensemble, la jumelle est exposée à davantage d’hormones masculines dans l’utérus maternel que lorsque les deux jumeaux sont de sexe féminin.

Cela a permis aux scientifiques de tester l’impact controversé de ces hormones avant la naissance. Ils ont observé la présence d’un impact négatif faible, mais statistiquement important, sur la qualité de vie après neuf mois de confinement étroit avec un garçon.

Des études chez l’animal ont montré la différence entre des femelles qui ont partagé une portée avec des mâles et celles issues de portées de même sexe. Si ces résultats s’appliquent à l’homme, ils doivent néanmoins être subtils. Difficile de dépister une femme ayant un jumeau en la regardant uniquement.

Les registres extrêmement détaillés des pays scandinaves ont permis au Dr Krzysztof Karbownik, de l’Université Northwestern, d’étudier les effets statistiques. Ainsi, en collaboration avec des scientifiques norvégiens, Karbownik s’est penché sur le devenir des 13 717 jumeaux nés en Norvège durant la période allant de 1967 à 1978.

Dans les comptes rendus de l’Académie américaine des sciences, le Docteur révèle que les filles ayant un frère jumeau ont moins de chances de décrocher un diplôme d’études secondaires, ont moins d’enfants et ont des revenus inférieurs durant la trentaine que celles qui ont une jumelle.

Certes, ces différences ne sont pas colossales — environ 10 % en moyenne — mais elles suffisent pour confirmer la présence d’un véritable effet…

Donnie Ray Jones, Flickr

Une cause intra-utérine

La principale interrogation pour Karbownik était de savoir si la différence était due au fait d’avoir grandi avec un garçon du même âge, ou si c’était le reflet d’hormones prénatales. Cette deuxième hypothèse est connue sous le nom de la théorie de transfert de testostérone du jumeau.

L’équipe s’est mise à la recherche d’un échantillon de filles dont le frère jumeau était décédé en bas âge. En dépit de l’excellent système de santé norvégien, ce cas de figure était très répandu à l’époque, ce qui donna un échantillon suffisamment grand pour prouver que c’est le fait de partager un utérus et non une vie avec un frère qui fait la différence.

Par ailleurs, le poids des filles à la naissance n’avait aucune influence sur les résultats, contredisant l’hypothèse selon laquelle les garçons capturaient des nutriments rares au détriment de leurs jumelles.

Le nombre de grossesses gémellaires, y compris les jumeaux de sexe opposé, est en nette augmentation en raison de l’essor de la fécondation in vitro, mais les auteurs ne croient pas que les conséquences sont suffisamment importantes pour lancer l’alerte. Ils ajoutent qu’il pourrait y avoir des effets positifs contrebalancés non découverts à ce jour…


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