Une plume fossile vieille de 150 millions d’années continue d’alimenter la polémique autour de son véritable propriétaire. Les spéculations vont bon train, depuis plus d’un siècle maintenant, et il semble assez difficile de départager les antagonistes.

En 2019, des chercheurs ont complètement écarté la possibilité que cette plume puisse appartenir à l’Archaeopteryx lithographica, et la voient plutôt sur les ailes d’une autre espèce de dinosaure méconnu et mal documenté. Pourtant, une récente étude, publiée dans Scientific Reports, affirme tout à fait le contraire, car celle-ci reposait auprès de quatre squelettes du spécimen que l’on appelle « le premier oiseau », dont les formes y sont parfaitement conformes. Ainsi, elle pourrait tout à fait s’être décrochée d’un Archaeopteryx.

Selon Ryan Carney de l’Université de Floride, cette énigme restée longtemps sans solution a été enfin élucidée, grâce à une nouvelle étude. D’après la description obtenue, le fossile est donc de couleur noire loin d’être brillante, avec une courbe à peine visible, probablement estompée durant la période qui a suivi sa découverte.

(a) Longueurs relatives de calamus des plumes modernes et de la plume fossile isolée (rouge), en ordre décroissant. Dans la parcelle (Gallus) et dans l’aile (Archaeopteryx), le noir représente les UMPC, le gris foncé représente les primaires et le gris clair représente les secondaires et les couvertures secondaires supérieures majeures (UMSC), ainsi que les rectrices (plumes de la queue) et les alulaires (non présents dans Archaeopteryx). Les UMPC sont statistiquement significativement plus longs que tous les autres étendues. Encart: référence anatomique illustrant la vue dorsale de l’aile gauche de l’Archaeopteryx. Notez qu’il y a 12 primaires reconstruites en Archaeopteryx et 10 primaires en Gallus (b) Schéma des attributs anatomiques énumérés.
Carney & al., Nature, 2020

La reconstitution de la ligne médiane, superposée avec cette forme en C, a permis aux experts de corriger l’erreur de l’ancienne recherche ayant présenté une ligne légèrement différente. Cela remet en question toute la théorie qui suggérait, auparavant, qu’une telle courbe ne pouvait se trouver sur une plume d’Archaeopteryx.

Cependant l’un des auteurs de ce rapport et paléontologue, Michael Pittman, refuse de s’avouer vaincu et continue à soutenir sa thèse. Il affirme que cette plume aurait tout aussi bien pu tomber d’une autre créature et que rien ne peut exclure cette éventualité.

Spécimen Altmühl d’Archaeopteryx, montrant la face dorsale de l’aile droite. (a) Les principales caractéristiques anatomiques indiquées comprennent deux empreintes de rachis légèrement incurvées (flèches blanches), deux largeurs de palette avant (petites flèches doubles), le bord d’attaque de l’UMPC le mieux conservé (pointe de flèche) et un angle de barbillon représentatif, qui mesure 25,1 ° (lignes jaunes; la barbe correspondante dans la plume isolée mesure 25,2 °). Notez également l’orientation postérieure des UMPC par rapport au manus et aux primaires, suggérant une absence de lignes centrales en forme de S. Encart: aperçu de l’échantillon, indiquant une région agrandie. (b) La reconstruction de la plume isolée est superposée à l’échelle. Notez la correspondance à la fois dans la taille et la forme de l’UMPC distal sous-jacent dans l’échantillon Altmühl. En médaillon: la plume noire indique une hypothèse antérieure de l’emplacement approximatif de la plume isolée, en tant que membre distal du tractus UMPC9 (représenté comme une aile droite pour correspondre à celle de l’échantillon Altmühl). Barre d’échelle: 1 cm.
Carney & al., Nature, 2020

Il paraît clair, à ce stade des investigations, que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Attendons-nous à ce que de nouvelles données viennent encore bouleverser notre façon de voir ces fossiles d’Archaeopteryx.

Tout laisse entendre, en tous les cas, que la véritable origine de cette plume demeurera mystérieuse pendant de très longues années encore, bien que l’Archaeopteryx soit perçu comme étant la proposition la plus plausible aux yeux des spécialistes de l’USF.

Pour sa part, Carney n’a toutefois pas le moindre doute sur la justesse de son hypothèse.


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