Nous avons depuis bien trop longtemps reproché aux requins leur appétence pour le sang et la chaire humaine — qui plus est infondée. Et depuis les mâchoires démesurées représentées dans « Jaws », on ne compte plus les œuvres du même genre qui lui ont par la suite succédé. Toutefois, les statistiques annuelles démontrent clairement que d’autres espèces certes, plutôt improbables — à commencer par les hippopotames, les moustiques ou encore les cerfs —, feraient en réalité beaucoup plus de victimes humaines que n’importe quel squale.

Par ailleurs, une équipe de scientifiques américains a découvert une toute nouvelle espèce de requin « des plus inoffensives », présente en « format poche » et qui a récemment beaucoup fait parler d’elle — étant donné qu’elle soit en fin de compte bioluminescente.

Pour se faire, l’équipe américaine a utilisé le synchrotron européen de Grenoble (ESRF) pour obtenir, par tomographie, des images sophistiquées permettant d’identifier les caractéristiques internes de cette nouvelle espèce de petit squale. L’étude morphoanatomique a été publiée le 18 juillet dernier (2019) dans la revue de taxonomie animale Zootaxa.

Michael Doosey

Contrairement au grand requin blanc — celui que l’on imagine tout de suite lorsqu’on parle de requin —, l’espèce nouvellement découverte mesure dans les 14 centimètres, bien loin donc des 4 mètres du grand requin blanc. Et tandis que ce dernier est réputé pour être redoutable prédateur qui a pour habitude de traquer et humer ses proies avant de les attaquer, selon les premières hypothèses, la lumière émise par les petits requins de poches pourrait leur permettre d’attirer des proies ou alors d’effrayer leurs prédateurs.

« Dans l’histoire des sciences halieutiques, seuls deux requins de poche ont déjà été capturés ou signalés » a déclaré Mark Grace, biologiste à la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). « Les deux appartiennent à des espèces différentes, venant d’océans différents. Et les deux sont incroyablement rares », souligne-t-il.

Le premier requin de poche (Mollisquama parini) — jusqu’alors inconnu — a été découvert au large des côtes du Chili dans les fonds marins de Nazca en 1979 et décrit en 1984. Il s’agissait d’une femelle adulte d’environ 40 centimètres de long. Après cela, aucun autre spécimen n’a été trouvé jusqu’à ce que soit aperçu dans le centre du golfe du Mexique ce jeune mâle décrit en février 2010 et baptisé Mollisquama mississippiensis.

Illustration du requin de poche (Mollisquama parini).
Mark A. Grace et al.

La bioluminescence est courante en mer et un organisme océanique luisant dans l’obscurité n’est pas chose unique. La NOAA estime qu’environ 90 % des animaux vivants en eau libre sont bioluminescents, bien que la recherche sur les créatures des grands fonds marins soit rare.

Selon le Musée national d’histoire naturelle de Smithsonian, la lueur d’un animal est déclenchée par une réaction chimique qui émet de la lumière. Les organismes s’allument pour attirer un partenaire, aviser un attaquant de rester à l’écart ou, dans la plupart des cas, appâter un nageur plus petit pour en faire son repas.


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