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Situé dans les profondeurs des îles Marshall, le dôme Runit est l’un des points les plus dangereux du monde actuellement. Aujourd’hui fragilisé par les éléments naturels, cet endroit isolé risque de créer une catastrophe écologique sans précédent et menace de contaminer l’Océan Pacifique et irradier tout ce qui l’entoure.

Un dangereux héritage de guerre

Les îles Marshall se composent de plus de 1000 îles réparties sur 2000 km², les îles d’Enewetak se trouvent à l’extrême Ouest du pays.

À partir des années 1940, les Américains ont évacué les insulaires de la région afin d’entreprendre un programme d’essais atomiques dans cette partie, plus exactement dans l’atoll de Bikini, à environ 300 km à l’est d’Enewetak que les essais ont eu lieu.

Entre 1946 et 1958, 67 bombes nucléaires ont explosé dans la région, soit une quantité équivalente à 1,6 bombe Hiroshima quotidienne pendant 12 années. Certaines explosions importantes ont effacé des îles entières de la carte.

Comme on peut l’imaginer, les détonations ont eu un impact néfaste sur le milieu naturel de la région. L’île était recouverte de débris irradiés notamment de plutonium 239, isotope fissile dont la durée de vie est estimée à 24 000 années. Un ancien rapport de la NBC qui date de 1970 stipule que ces îles sont l’endroit le plus toxique au monde, note Mark Willacy, de l’Australian Broadcasting.

En 1977, pour résoudre cette catastrophe naturelle, environ 4000 militaires américains ont mélangé 85 000 m³ de terre arable avec les débris radioactifs ramassés sur l’île, pour ensuite les enfouir dans un cratère de 107 mètres de profondeur, situé dans la partie nord de l’île Runit et résultant d’une explosion, qu’on a recouvert de 358 panneaux de béton d’environ 40 cm d’épaisseur.

Cette opération a coûté 180 millions d’euros (218 millions de dollars), mais, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette solution était temporaire en attendant qu’un plan permanent de décontamination ne soit mis en œuvre par les États-Unis.

Les habitants de l’île ne sont revenus sur leurs terres qu’en 1980. Mais aujourd’hui, une menace plane sur la région et sur le monde entier.

Photo d’une des deux explosions de «l’Opération Crossroads», les deux premiers tests de bombes atomiques réalisés sur l’atoll de Bikini, dans les Îles Marshalls. Domaine Public.

Une catastrophe écologique à prévoir

Avec les changements climatiques et surtout la remontée des eaux de la Mer, le dôme et son contenu se retrouvent hautement menacés.

Willacy explique que, l’erreur qu’on a faite lors de l’enfouissement des déchets, c’est de ne pas avoir mis de béton dans le fond du cratère pour mieux l’isoler. C’est à la base, ce qui était convenu, mais non réalisé lors des travaux.

Aujourd’hui, l’eau pénètre sous le dôme à travers la nappe phréatique, car le sol est extrêmement perméable.

Un rapport sur l’état de sa structure réalisé en 2013 par le Lawrence Livermore National Laboratory pour le département de l’énergie des États-Unis (United States Department of Energy, DoE) indique la présence de fissures sur la surface du dôme.

Terry Hamilton, directeur scientifique du programme Marshall Islands, affirme que des éléments naturels comme de violents typhons peuvent endommager encore plus le béton, mais pour le moment les dangers pour la population locale et la nature sont minimes.

Les États-Unis ne se sont jamais officiellement excusés auprès du gouvernement des îles Marshall, et les indemnités qu’ils leur doivent restent jusqu’à nos jours impayées.

Le Nuclear Claims Tribunal estime le montant total est à près de 200 millions d’euros (244 millions de dollars), mais après l’accord conclu entre les deux pays, les États-Unis considèrent que ce n’est plus à eux de prendre en charge l’état du dôme.


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