Si les cas d’harcèlement, moral soit-il ou même physique, sortent peu à peu de la sphère des tabous, un long chemin reste à faire pour arriver à déraciner le problème et rendre tous les droits à toute victime.
Toutefois, rien n’est linéaire en psychologie, et la confusion peut vite s’installer. Dans des situations subtiles telles que le « love bombing », il est préférable d’être bien informé pour y faire face.
Un problème indiscernable
Le terme « love bombing » qui signifie en français « bombardement d’amour » n’a pas été utilisé par les psychologues en premier, mais par des membres de l’Eglise de l’Unification des États-Unis (les Moonies), dans les années 1970. Leur dirigeant Sun Myun Moon a déclaré :
« Les membres de l’Eglise d’Unification sourient tout le temps, même à quatre heures du matin. Un homme plein d’amour doit vivre comme tel. (…) Quel visage représente mieux l’amour qu’un visage souriant ? C’est pour cela que nous parlons de bombe d’amour ; les Moonies ont ce genre de problème heureux. »
Difficile à déceler pour quelqu’un qui ne s’y connait pas, le love bombing est pourtant basé sur des stratégies très basiques. Il s’agit de ‘’bombarder’’ son partenaire d’amour afin de lui faire croire au monde des merveilles : mots affectueux, attentions particulières, plans de sortie à deux ou encore des cadeaux de valeur, tout y passe, selon Dale Archer.
Prudence tout de même, car si la définition des psychologues met en avance, de façon délibérée, le cas du love bombing en couple, il est là loin d’être le seul concerné par cette problématique. Étant une forme d’abus émotionnel, il peut s’étendre pour concerner la relation parent-enfant et, particulièrement, les relations entre les leaders et leurs suiveurs.
Le plus grave des cas concernent les sectes ou encore les gangs. Le culte dirigé par le célèbre Charles Manson, par exemple, était essentiellement basé sur cette méthode. Dans ce cas précis, le dirigeant qui exerce une forme d’abus le fait dans un but de manipulation totale.
Conduire les membres de sa secte à se donner volontairement la mort en masse ou encore mener les adhérents d’un gang à une loyauté sans faille n’est pas chose donnée à tout le monde.
La communication est la clé
Pour revenir à des cas plus palpables, le love bombing au sein d’un couple est alarmant et nécessite beaucoup de force pour s’en sortir, lorsqu’il est l’essence même de la relation.
En effet, pendant que la victime pense avoir trouvé son âme-sœur et l’amour de sa vie, le manipulateur se prépare déjà à enlever son masque. Passant d’un amoureux dévoué à une personne méchante et sans scrupule, le changement aura l’effet d’une douche non froide, mais glacée…
Il est pourtant très difficile de pouvoir s’en défaire, car la personne manipulatrice fera ce qu’elle sait faire de mieux : manipuler pour obtenir ce qu’elle souhaite, à savoir garder sa victime sous contrôle. Lorsque cette dernière se décide d’aller de l’avant, le bourreau-séducteur et après un vif épisode de fureur démesurée, tentera de reconquérir la situation.
Selon Perpetua Neo, un thérapeute et expert dans les types de personnalité des trois triades noires, les victimes du love bombing ne sont pas nécessairement des personnes faibles de personnalité. Même si c’est bien l’idée commune faite à ce sujet, la victime est le plus souvent dotée d’une personnalité trop empathique.
« Les gens pensent souvent que si vous êtes attiré par un narcissique, c’est que vous avez tendance à être, quelqu’un de très faible et passif… mais les victimes sont souvent des femmes très accomplies. » a déclaré Neo au Business Insider. « Un trait très commun chez mes clients est la super-empathie. Vous arrêtez d’empathiser avec vous-mêmes et vous commencer à tout justifier concernant les autres. » a-t-il ajouté.