L’univers des animaux sauvages est aussi fascinant qu’impitoyable. Toutes les espèces sans exception obéissent à une seule et unique loi ; celle du plus fort. Les petits se faisant souvent dévorer par les plus grands ; ils cherchent à tout prix à les éviter ; c’est dans l’ordre des choses.

Seulement, voilà, un dangereux prédateur redouté par toutes les autres créatures de l’océan, et même par les humains, aurait été détrôné par une baleine ! En effet, il semblerait que le requin blanc ait, en fait, une peur bleue des orques ! Cela vous parait invraisemblable ? Pourtant, c’est la pure vérité.

Une crainte justifiée

Selon une recherche menée en 2019, et publiée dans la revue Scientific Reports, les grands requins blancs, ou Carcharodon carcharias, fuient devant les orques (Orcinus Orca). Ils vont jusqu’à abandonner leur territoire de prédilection pour disparaître de la circulation pendant plusieurs mois. D’après Salvador Jorgensen, écologiste de l’aquarium de Monterey Bay, ils pourraient rester à l’écart jusqu’à la saison suivante, juste pour ne pas tomber sur elles.

Pour les besoins de l’étude, les scientifiques ont analysé le comportement de 156 grands requins blancs entre 2006 et 2013 en plus de tous les renseignements récoltés par Point Blue Conservation Science, au sud-est de l’île Farallon au large de San Francisco, sur les orques, les requins et les phoques.

Chevauchement spatial et temporel des deux principaux prédateurs, les requins blancs (Carcharodon carcharias) et les épaulards (Orcinus orca), et leur proie commune, les éléphants de mer juvéniles (Mirounga angustirostrous), dans le nord-est du Pacifique.
Salvador J. Jorgensen & al./Scientific Reports

Par ailleurs, les experts ont examiné quatre confrontations entre les deux adversaires, dans le sanctuaire marin national du Grand Farallones, en les comparant aux informations obtenues en parallèle sur le sujet.

L’équipe a constaté que les requins blancs avaient tendance à se faire « tout petits », puis à carrément se retirer, lorsqu’ils sont face à des orques, même si celles-ci, loin d’être vraiment menaçantes (du moins, pour cette fois), ne s’éternisent pas dans la région.

Un tête-à-tête pas très recommandé

Toutefois, cette méfiance a certainement de bonnes raisons d’être, émanant probablement d’une mauvaise expérience passée avec « ces petites camarades de jeu ». Cela arrange particulièrement bien les affaires de l’éléphant de mer (Mirounga angustirostrous ), qui est, en règle générale, chassé par le requin blanc ainsi que par ces baleines passagères. Mais celles-ci se font tellement rares que le risque est à quasiment nul.

Ce qui est vraiment impressionnant, c’est de voir comment les orques peuvent venir à bout d’un requin de plus de 5 mètres, mais aussi leur façon de s’emparer de son fameux foie, pour des raisons encore inconnues, si ce n’est pour faire le plein de vitamines. Cela explique tout à fait pourquoi les requins font tout pour ne pas avoir affaire à elles.

S’il est facile de comprendre la dynamique entre les différents maillons de la chaîne alimentaire terrestre, et spécialement entre les prédateurs principaux, ce rapport de force s’avère beaucoup plus complexe et plus rare dans les milieux marins. Ce qui le rend bien plus difficile à cerner.


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