Perdre un être cher n’est jamais une chose facile à vivre. Il est très commun de voir les personnes passant par cette dure épreuve se donner beaucoup de mal afin de trouver la meilleure façon de dire au revoir et de rendre hommage aux défunts.

Tout comme les humains, les animaux possèdent également leurs propres rituels. Certains font la grève de la faim, d’autres se regroupent autour du corps inerte pour lui dire adieu. Les plus intéressants sont sans doute les corbeaux, qui eux ont une bien étrange façon d’agir avec leurs congénères sans âme.

Un comportement inhabituel

Dans beaucoup de films et de livres, les corbeaux sont associés aux légendes et aux plus sombres des ténèbres. Avec leur allure peu rassurante, ces derniers suscitent à la fois la curiosité et l’appréhension. Mais ce qui intrigue le plus ceux qui s’intéressent à la vie de ces oiseaux, c’est bien leur comportement autour de ceux qui ne sont plus en vie.

Quand l’un des leurs n’est plus, les corbeaux sont connus pour organiser des rassemblements dans lesquels les cris et les battements d’ailes sont au rendez-vous. Si pour certains spécialistes, il s’agit en quelque sorte de « funérailles », pour d’autres, c’est plus un rituel qui leur sert à détecter d’éventuelles menaces.

Selon une récente étude publiée dans le journal scientifique anglais « Philosophical Transactions B », la raison de ce rassemblement est tout autre. En effet, on a toutes les raisons de penser qu’il s’agit plutôt de nécrophilie, ou plus précisément de « Ne-crow-philia » : les corbeaux qui aspirent à avoir des relations sexuelles avec ceux qui ont succombé.

Alors qu’elle filmait un enterrement de corbeaux, Kaeli Swift, doctorante à l’École des Sciences environnementales et forestières de l’Université de Washington, a remarqué cette tendance intrigante, et a décidé par la suite de mener ses propres recherches et expériences.

Lilla Frerichs, Public Domain Pictures

La nécrophilie chez les corbeaux

Pour une période de 3 ans, Swift a observé le comportement des corbeaux en présence de 309 de leurs congénères sans vie. Dans chaque itération, la doctorante et son équipe plaçaient un corps qui a cessé d’être quelque part où les autres pouvaient l’apercevoir et attendaient de voir leur réaction face à celui-ci.

L’étude a montré que, le plus souvent, les oiseaux faisaient d’abord des vas et viens vers le corps avant de s’en approcher, et ce afin de s’assurer qu’il s’est réellement éteint tout en guettant les éventuels dangers.

Dans 24 % des cas, ces derniers tenteraient de monter sur le corps, et le plus surprenant : dans 4 % des cas, ils essaieront de s’en servir pour assouvir leurs pulsions sexuelles.

La nécrophilie existe bel et bien chez ces étonnants créatures, mais celle-ci n’est pas leur principale motivation pour rôder autour de ceux qui ont rendu l’âme. Les résultats de cette étude ont souligné une caractéristique très importante chez ces oiseaux, et c’est la capacité de reconnaître leur ennemi en regardant de près leurs défunts.

La vision d’un corbeau qui ne vit plus déclenche chez les autres une attitude « antiprédateur », qui leur communique le lieu et l’apparence de la menace. Les spécialistes ont confirmé ce fait, en remplaçant la carcasse par celle d’un pigeon. Devant celle-ci, aucune réaction n’a été signalée.


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