Drmngnow/Instagram

Pendant des milliers d’années, les peuples autochtones de l’Australie ont vécu en s’adaptant aux changements climatiques, et plus particulièrement à l’exposition fréquente aux incendies. 

La gestion de ces derniers se faisait grâce à des pratiques aborigènes, désormais abandonnées.

Mais compte tenu de la situation actuelle du pays qui ne fait qu’empirer, le gouvernement a décidé de revenir à certains procédés ancestraux…

Les pratiques du passé conjuguées au présent

D’après Shannon Foster, Professeure du savoir du peuple D’harawal à l’Université de technologie de Sydney, un feu de brousse naturel réduit le carburant des incendies, ces derniers étant alimentés principalement par le bois d’allumage et les détritus de feuilles.

Elle déclare aussi que la combustion froide régénère la terre et améliore la biodiversité puisque les cendres fertilisent le sol et le potassium encourage la floraison.   

Quant à la combustion douce, elle réchauffe l’environnement à un niveau atmosphérique particulier : la condensation du chaud et du froid créent la pluie, ce qui aide à atténuer les embrasements.

Depuis le début de la crise des incendies en Australie, les peuples autochtones estiment que leurs connaissances en matière d’entretien de la terre sont ignorées.

Murrandoo Yanner, Chef de Gangalidda et Directeur de la Carpentaria Land Council Aboriginal Corporation, a mené les Aborigènes du golfe de Carpentaria vers un développement économique durable, et ce depuis les années 1990.  

Wunambal Gaambera Aboriginal Corporation/Russell Ord

Aujourd’hui, il supervise le programme d’entrainement Jigija Indigenous, dans lequel il apprend aux pasteurs, aux pompiers volontaires et aux gardes forestiers natifs différentes techniques telles que la combustion en mosaïque au feu froid.

Celle-ci consiste à allumer des petits brasiers de faible intensité pendant la saison fraîche, brûlant les sous-bois de brousse ce qui diminue grandement la quantité de matériaux inflammables pour le restant de l’année.

Ces techniques autochtones, longtemps oubliées, sont enfin considérées comme utiles puisqu’il demeure au moins deux mois avant la fin de la saison des incendies.

Pratique ancestrale aborigène / Université de Technologie de Sydney

Un appel à des solutions plus rigoureuses

Suite à la colonisation de l’Australie en 1788, les pratiques autochtones se sont vues disparaître progressivement. Leur réintégration a été envisagée depuis quelques années en vue d’atténuer les risques d’incendie.

Les embrasements de ces derniers mois ont eu des conséquences désastreuses sur les écosystèmes, et pour cause.

L’évaluation des dégâts a révélé que plus d’un milliard d’animaux ont péri, si bien que des milliers d’oiseaux (dont les cacatoès noirs à queue jaune qui ne sont autres que le symbole du pays) sont décédés d’épuisement lorsqu’ils se sont envolés vers la mer pour échapper aux flammes. 

Le professeur Noel Preece, ancien garde forestier des parcs nationaux, explique dans son manuel sur les incendies que l’allumage de petits feux maîtrisés réduisait certes le carburant au sol de 10 tonnes à 1 tonne, mais que cette solution ne peut être efficace comme protection que pour les flambées modérées.

Avec les conditions catastrophiques d’humidité et de vents violents, rien ne pourrait vraiment arrêter ces incendies.

D’après les experts, les pratiques aborigènes ont des limites en raison de la colonisation qui a conduit au développement et au changement climatique créé par l’homme.
Pour ainsi dire, les paysages de l’Australie sont très différents de ceux qu’elle abritait il y a des centaines d’années.

De plus, le Dr Thornton, PDG du Bushfire and Natural Hazards Cooperative Research Center, affirme que les feux individuels sont envisageables pourvu qu’ils correspondent aux attentes de la communauté et s’ils sont faits à plus grande échelle.

Toujours dans cette perspective, le Premier ministre Scott Morrison a promis une enquête complète sur la crise actuelle des feux de brousse qui a, jusqu’à présent, tué 27 personnes et brûlé plus de 10 millions d’hectares.


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