Nul ne peut nier les conséquences dramatiques du changement climatique sur notre planète, mais elles semblent offrir une opportunité unique d’explorer un tout nouveau domaine ; l’archéologie glaciaire, émanant de la fonte soudaine et rapide des glaciers des Alpes. Les découvertes faites par les experts sont d’autant plus intéressantes qu’elles permettent de voir une facette de l’archéologie qu’ils n’auraient pas pu cerner autrement.

Grâce à une expédition menée par Marcel Cornelissen sur le site cristallin dans l’est de la Suisse, non loin du glacier Brunifirm, les chercheurs ont trouvé, à 2800 mètres d’altitude, les traces d’une ancienne chasse aux cristaux datant de 9500 ans, à l’époque mésolithique.

Ce n’est qu’à partir des années 1990 que l’on a commencé à concevoir que ces montagnes aient pu autrefois abriter des randonneurs humains à la recherche de matières premières tels que des cristaux.

Un an plus tard, le corps d’un guerrier, vieux de 5300 ans, du nom de « Ötzi », avait été détecté à l’intérieur d’un glacier alpin dans le Tyrol italien. Les recherches postérieures ont affirmé qu’il n’était pas le seul individu de la préhistoire à s’aventurer dans la région.

Chaussure à lacets retrouvée avec les restes d’un homme préhistorique datant d’environ 2800 avant notre ère.
Fabrice Coffrini/AFP

Depuis 2003, le col de Schnidejoch, situé à 2756 mètres d’altitude, a livré plusieurs autres trésors du passé allant dans ce sens. Il s’agit notamment d’un carquois d’écorce de bouleau remontant à 3000 avant l’ère commune, ainsi que de pantalons et de chaussures en cuir. Il y avait aussi de nombreux autres objets encore plus anciens.

L’archéologue Regula Gubler a récemment étudié une chaîne nouée de fibres libériennes, de plus de 6000 ans, issue de Schnidejoch. Elle a expliqué que la glace a joué un rôle très important dans la sauvegarde de tous ces éléments retrouvés encore intacts et qui n’auraient jamais pu « survivre » dans d’autres conditions.

L’ennui, c’est que ces substances organiques risquent de disparaître aussitôt, si on ne se dépêche pas de les recueillir et les scientifiques peuvent parfois ne pas être au rendez-vous pour assister à l’émergence d’un quelconque trésor après la fonte d’une calotte.

Ce panier tressé noirci du néolithique est originaire des Alpes bernoises.
Fabrice Coffrini/AFP

Cette lacune peut malheureusement agir en défaveur de la recherche en général, comme ce qui s’est produit en 1999, lors du détournement d’une statuette en bois — retrouvée sur le glacier Arolla, dans le sud du canton du Valais, à quelque 3100 mètres d’altitude — par deux Italiens.

Identifiée 19 ans plus tard par Pierre Yves Nicod, archéologue au Musée historique de Wallis à Sion, la sculpture de 52 centimètres de long au visage humain plat et fronçant les sourcils a finalement été datée. Si Nicod ignore à quoi cette décoration de 2000 ans pouvait bien servir, il estime qu’elle n’a certainement pas sa place dans un salon privé, comme tous ces vestiges ayant échappé aux spécialistes au cours des trente dernières années.


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