L’abeille est sans doute l’insecte qui suscite le plus l’intérêt des scientifiques, mais aussi l’admiration du commun des profanes.
On connaît depuis longtemps, l’apport incontournable des abeilles à la biodiversité en plus des bienfaits innombrables du miel sur la santé des humains. Sans oublier les moyens de communication tout aussi curieux utilisés lors de la recherche des champs de fleurs et l’organisation phénoménale avec laquelle une ruche d’abeilles fonctionne.
Et si cela n’était pas tout ? Et si les abeilles pouvaient encore nous étonner ?
Et bien, c’est ce que va nous apprendre cette étrange découverte faite par deux scientifiques ; Chris Roh, ingénieur de recherche et Morteza Gharib, ingénieur en biomécanique.
Il s’agit en fait d’un vrai coup du hasard. En effet, Roh a été attiré par l’image d’une abeille immobilisée dans un étang. Et lui qui s’attendait à ce qu’elle se noie dans les minutes qui suivaient par l’effet de la gravité, s’étonna de la voir battre ses ailes pour produire de minuscules ondulations tout en avançant sur la surface de l’eau.
Curieux de comprendre ce qui venait de se passer, il décida de soumettre cette abeille, et d’autres encore, à une expérience semblable, mais cette fois-ci, en laboratoire. Il voulait en fait, étudier les battements d’eau de plus près.
Les deux collègues ont filmé leur expérience au ralenti pour pouvoir déceler le secret de cette stratégie et savoir comment cela avait pu fonctionner. Ce qu’ils ont découvert ?
C’est une tactique de survie dont se servent les abeilles pour se sortir des situations les plus périlleuses. Une tactique jamais enregistrée ou étudiée chez les insectes.
Mouillées, les ailes des abeilles leur servent d’hydrofoils ou « hydroptères » pour se projeter sur trois longueurs de corps par seconde. La façon dont elles courbent leurs ailes tout en oscillant les aide à réguler leur contact avec l’eau. Donc, elles créent des ondes pour que leurs corps puissent avancer. Cela peut paraître invraisemblable, mais elles « surfent » pour se sortir du danger et échapper à la noyade.
Il existe un type de locomotion, différent de celui-ci, utilisé chez d’autres insectes comme les éphémères et coléoptères. Il est connu sous le nom d’« écumage de surface ». Moyen inaccessible aux abeilles, car il leur est impossible de battre leurs ailes assez fort pour se libérer de l’eau.
Cependant, il a été démontré que l’effet de cette technique était limité dans le temps, car les abeilles se fatiguaient au bout d’à peine quelques minutes, étant plus facile de battre des ailes dans l’air que dans l’eau.
Suite à cette étude, les deux chercheurs ont coécrit un article dans lequel ils expliquent comment les ailes des abeilles génèrent une poussée hydrodynamique qui contribue à leur locomotion.
La prochaine fois que vous êtes témoin d’une abeille coincée dans l’eau, ne vous attendez pas à la voir périr, arrêtez-vous un moment et observez-la quelques instants, vous pourrez constater qu’elle réussit à s’en sortir et à reprendre son envol.