Kmeron. Flickr.

Sous-genre extrême du heavy metal, le death metal s’est construit au fil du temps une réputation pour le moins macabre. Et ce n’est pas complètement démérité quand on voit la nature des paroles retrouvées dans cette musique. Entre tendances ou comportements tabous et infractions graves, tout y passe.

La violence et la férocité de ce style le placent en tant que force de terreur et de désordre. Toutefois, à en croire la science, cette perception n’est peut-être pas si exacte que cela…

Une réputation trompeuse

En dépit des paroles extrêmement graphiques, la musique n’inspire ni ne désensibilise ses auditeurs à la violence. Ainsi, des chercheurs du laboratoire musical de l’Université Macquarie, en Australie, impliqués dans une enquête de plusieurs décennies sur les effets émotionnels de la musique, ont découvert que celle-ci avait le pouvoir de créer des sentiments de bonheur et d’autonomisation chez les auditeurs.

Bill Thompson, Professeur dans cette université, a confié à BBC News que « beaucoup de gens aiment la musique triste, et c’est un peu paradoxal : pourquoi chercher à être triste ? » Il ajoute aussi que « la même chose peut être dite de la musique violente. Pour nous, c’est un paradoxe psychologique. Nous sommes donc curieux et, en même temps, nous reconnaissons que la violence dans les médias est un problème d’ordre social. »

Pour une étude récemment publiée dans le journal Open Science, une équipe dirigée par le Pr Thompson a tenté de déterminer les effets des divers genres musicaux sur le cerveau.

Ils ont ainsi surveillé l’activité cérébrale de 80 personnes (32 fans de death metal et 48 témoins) tout en écoutant l’une des deux chansons : le titre « Eaten », du groupe Bloodbath, qui parle ouvertement du cannibalisme, et le single « Happy », de Pharell Williams, qui comme son nom l’indique est un hymne à la joie.

Le groupe Goatwhore.
S. Bollmann, Wikipedia Commons

Un effet inverse

Pendant la lecture de la musique, deux images diamétralement opposées ont été montrées en même temps aux participants de l’étude (une violente et une non violente). L’objectif étant basé sur la notion de rivalité binoculaire, ce concept repose sur le fait que lorsqu’on nous montre une image neutre d’un œil et une image violente de l’autre, on se concentre généralement sur l’image menaçante.

Thompson déclare que « si les fans de musique violente étaient insensibles à la violence, ce qui inquiète des groupes de parents et de religieux, ils ne montreraient pas ce même parti pris. »

Mais leur concentration sur l’image menaçante démontre qu’ils ne sont pas plus insensibles à la violence que les non-fans. Il semblerait plutôt que le death metal représente une force de joie et d’autonomisation.

Ces résultats vont dans le sens de l’étude publiée l’an dernier par le Professeur et son équipe, selon laquelle le death metal laissait les non-fans « tendus, effrayés et en colère ». Néanmoins, les adeptes de ce genre ont pu puiser dans la musique pour promouvoir des objectifs psychosociaux et aller au-delà des sentiments sombres.

Une écoute des sons cathartiques de Cannibal Corpse pourrait donc aider les gens déprimés à repartir du bon pied.


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