Le rat-taupe nu est ce petit rongeur qui ressemble à un raton laveur ou à une taupe sans pelage. Originaire d’Afrique de l’Est, il a toujours fasciné la communauté scientifique. Tandis qu’il peut vivre jusqu’à 30 ans, cet animal possède un système immunitaire tellement développé qu’il ne succombe ni au cancer ni aux pathologies cardiovasculaires, sans compter sa capacité à survivre sans oxygène pendant une vingtaine de minutes.

Le rat-taupe nu vit dans un système de castes, exactement comme les fourmis . Alors que la reine se charge de la reproduction et règne sur les ouvriers, les soldats et les nourrices s’occupent de l’éducation des nouveau-nés. Et en parlant de nourrices…

Un développement de l’instinct maternel peu commun

Une équipe de scientifiques japonais a récemment publié une étude sur la manière avec laquelle la reine des rats-taupes nus transforme ses ouvrières en nourrices aimantes et affectueuses. Il faut savoir qu’en temps normal, chez la plus grande majorité des mammifères, l’instinct maternel ne se développe qu’au moment de la grossesse, notamment grâce à l’apparition d’une hormone bien précise appelée estradiol.

Mais lorsque l’on sait que les nourrices ne sont en aucun cas les génitrices, et que, par conséquent, elles ne peuvent produire l’estradiol, la question qui se pose est de savoir comment un tel comportement est possible ?

Le Docteur Kazutaka Mogi de l’Université Azabu et son équipe savaient déjà que les excréments de la reine des rats-taupes nus sont particulièrement chargés en estradiol les semaines qui suivent l’accouchement, et que ces rongeurs ne possèdent pas un organe voméronasal .

En d’autres termes, l’hypothèse selon laquelle il suffirait aux ouvrières de sentir les excréments de la reine pour entrer en contact avec l’estradiol et ainsi devenir nourrices est impossible.

C’est alors que les scientifiques ont compris que l’explication est ailleurs : la seule manière pour qu’une ouvrière ne soit exposée à l’estradiol de la reine est de manger ses selles. Et bien que cette conclusion semble aussi dégoûtante que loufoque, les résultats des tests effectués sur les rats-taupes nus femelles sont indéniables.

Mark Dumont, Flickr

Un procédé répugnant, mais efficace

Pour vérifier la véracité de la théorie de la coprophagie chez les ouvrières qui deviennent subitement nourrices, les chercheurs ont administré trois différents types d’excréments aux femelles d’une même colonie.

Le premier groupe a dû ingérer des matières fécales provenant de la reine, le second a consommé les défections neutres de ses semblables, et le troisième des selles également neutres, mais auxquels les chercheurs ont ajouté de l’estradiol.

Après avoir enregistré les pleurs des bébés de la reine, les cobayes femelles ont été exposés à ces sons : au bout de quelques jours, le seul groupe qui ne réagissait pas aux cris était celui qui avait consommé des selles sans estradiol.

Les deux autres en revanche ont développé une forte sensibilité aux enregistrements, cherchant désespérément à offrir leur attention et à calmer les pleurs des nouveau-nés en s’agitant près des magnétophones.

Quoi qu’il en soit, ce procédé, aussi singulier soit-il, reste particulièrement ingénieux et permet de contrer avec brio le manque de moyens de communication chez les rats-taupes nus.


Contenu Sponsorisé

>