Animal marin particulièrement sociable, l’orque est facilement reconnaissable à sa peau noire ornée de blanc.
Ce mammifère, qui vit généralement entre 30 et 50 ans selon les régions, est aujourd’hui connu pour faire partie de ce que l’on appelle les superprédateurs : placé tout en haut de la chaine alimentaire, l’orque n’est la proie d’aucun autre animal.
Pourtant, une toute nouvelle étude prouve que cette espèce est grandement menacée, au point que la communauté scientifique s’accorde à dire que dans un avenir très proche, la moitié des orques du monde est amenée à disparaitre si nous ne faisons rien pour les préserver…
Un constat alarmant
Une étude internationale s’est penchée sur le sort des orques et a fait une découverte on ne peut catastrophique : à cause des agissements de nos entreprises qui déversent volontiers leurs produits chimiques dans la mer, la population des orques risque très fortement de diminuer de moitié d’ici 30 à 50 ans.
Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques chargés de l’étude ont quantifié les niveaux de polychlorobiphényles présents dans l’eau et dans le corps de 350 orques à travers le monde.
Le polychlorobiphényle, abrégé en PCB, est un produit chimique cancérigène qu’on utilisait déjà dans les années 1970 dans des appareils électriques : si aujourd’hui il est interdit dans quelques pays, il continue pourtant de polluer nos mers, nos terres, nos animaux, notre alimentation, et donc notre organisme.
Ainsi, en comparant leurs propres données à celles des études précédentes sur la question des PCB, les chercheurs ont réussi, grâce à un modèle informatique, à prédire le devenir des orques d’ici 100 ans : « Les résultats sont surprenants. Nous constatons que plus de la moitié des populations d’épaulards étudiés dans le monde sont gravement touchés par les PCB » déclare le chercheur Jean-Pierre Desforges de l’Université danoise Aarhus.
En effet, il faut savoir que les PCB endommagent leur système immunitaire, leur système de reproduction et augmentent, à fortiori, sur le moyen et long terme, leur taux de mortalité, ce qui ne présage évidemment rien de bon pour les générations futures…
Un malheureux processus déjà observable à l’œil nu
D’après les scientifiques, les eaux les plus touchées sont indubitablement le détroit de Gibraltar, le nord-est de l’Océan Pacifique et une partie de l’Océan Atlantique.
« Dans ces régions contaminées, nous n’observons que rarement des orques nouveau-nés » affirme le Professeur Ailsa Hall de l’Unité de Recherche sur les Mammifères marins en Écosse.
D’ailleurs, au cours de ces 50 dernières années, donc depuis l’utilisation des PCB, les populations d’orques ont déjà baissé de moitié.
Nous savons déjà que ces mammifères sont au sommet de la chaine alimentaire et que les PCB touchent toutes les espèces marines confondues : partant de ce principe, les quantités de PCB ingurgitées par les orques sont extrêmement élevées, de l’ordre de 1 300 mg/kg.
Or, il est aujourd’hui prouvé que 50 mg/kg suffisent amplement pour engendrer une stérilité.
De même, bien que les taux de PCB aient quelque peu diminué depuis l’interdiction de ces produits chimiques dans certains pays, le lait des orques femelles est resté hautement contaminé, et ce poison se veut alors transmis de la mère au nourrisson…
Et tout cela sans compter le fait qu’une grossesse ne dure pas moins de 18 mois et que les femelles ne peuvent procréer avant l’âge de 20 ans, ce qui laisse grandement le temps aux PCB de les rendre stériles ou d’affaiblir l’embryon en développement.