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Le régime alimentaire est depuis quelques années un sujet qui peut vite créer de vifs débats. Avoir un plat préféré est normal et très commun, mais privilégier ou au contraire bannir toute une catégorie d’aliments est devenue un terrain miné duquel il faut se méfier. Les normes ont basculé lorsque la raison derrière l’amour pour les viandes a été découverte.

Un choix à assumer

La viande est globalement un sujet controversé. Les problèmes relatifs à l’éthique de l’exploitation animale sont de plus en plus soulevés et pourtant, les différents types de viandes sont encore largement consommés. Le goût et la saveur de la viande et sa cuisson, souvent fondante et agréable en bouche, ainsi que la valeur nutritionnelle (faussement) prise comme excuse justifient l’appréciation d’un bon steak, et ce sans culpabilité.

Une nouvelle étude vient prouver que ces raisons peuvent être anodines par rapport à une autre justification purement psychologique : manger de la viande est relatif au statut social. Dans les sociétés d’antan, où l’agriculture était l’activité principale, manger de la viande était essentiellement réservé aux personnalités les plus hautement placées : seuls les rois et les nobles pouvaient se le permettre.

Mais la situation a bien changé depuis. De nos jours, les Européens avec les revenus mensuels les plus bas consomment plus de viande que les personnes aisées financièrement. La viande n’est certes pas aussi inaccessible qu’il y a quelques siècles, elle reste tout de même relativement plus chère que de nombreuses options végétariennes.

C’est pour cette constatation étrange que deux spécialistes se sont penchés sur la question : le Dr Eugene Chan de la Monash University et le Dre Natalina Zlatevska de l’Université de Technologie à Sydney. D’après eux, il est difficile de justifier ce choix pour les choses les plus chères, là en l’occurrence la viande, quand on n’a pas spécialement les moyens pour.

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La psychologie interrogée

Publiée dans le journal Appetite, l’étude démontre que le statut social joue effectivement un rôle dans ces préférences et ce mode de vie délibérément choisi. Le protocole détaille également la manipulation psychologique à laquelle les chercheurs ont eu recours pour pouvoir obtenir les réponses nécessaires à l’étude.

Les participants, soit les étudiants universitaires choisis pour le projet, devaient imaginer une situation précise : se voir gagner 35 dollars à l’issue de leur premier job, et devoir choisir quoi acheter avec cette modeste somme. Un autre groupe d’étudiants devait répondre à une question embarrassante, mais réaliste : qu’est-ce qu’ils ne pouvaient pas se permettre d’acheter avec ce même salaire. Les deux groupes devaient ensuite décrire ce qu’ils ressentaient vis-à-vis de leur statut social.

Comme dernière étape du questionnaire, chaque étudiant devait choisir un repas parmi des options végétariennes et d’autres incluant de la viande. Le constat n’était pas différent des attentes des experts : les participants ayant le plus exprimé une forme d’anxiété sociale par rapport à leur salaire avaient plus tendance à choisir des burgers à base de viande.

« Il existe une association symbolique entre manger de la viande et la force, le pouvoir et la masculinité. Il s’agit d’une option qui appartient, de manière traditionnelle et subconsciente, à une classe sociale supérieure. » a expliqué le Dr Zlateska.

« Si vous faites un saut dans le temps, les personnes qui consommaient de la viande étaient plus puissantes que celles qui ne pouvaient pas se le permettre ; c’est devenu alors lié au statut social. » a ajouté le Dr Chan.


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