Fjaka, Pixabay

Existant en plusieurs variantes, saveurs et formes, le fromage a connu bien des changements depuis que l’Homme a appris à le préparer. Et justement, les scientifiques ne s’attendaient pas à leur trouvaille en tombant par hasard sur le fromage le plus vieux au monde, un aliment qui rend heureux tous les gourmands.

Une fouille fructueuse

Le concept même de la fermentation est de donner du temps au produit laitier, en vue d’obtenir un bon fromage. Mais faire durer le processus pendant des millénaires n’est pas une très bonne idée pour autant. Lorsque les spécialistes ont analysé leur découverte, il s’est avéré que c’était très loin du bon vieux fromage que l’on aime tous grignoter pour le réconfort que ça peut procurer, et que tenter de le faire pouvait être fatal.

Les différents tests effectués après l’échantillonnage ont révélé la présence de plusieurs espèces bactériennes nocives que vous ne voudriez surtout pas faire rentrer dans votre organisme. Si de précédentes explorations tendent à dire que le fromage le plus vieux du monde se situait en Chine ou encore en Afrique du Nord, désormais la donne a changé. Il se trouverait plutôt en Croatie, dans une des splendides régions côtières de Dalmatie.

La révélation a été faite par des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie. Ce n’était pas un bout de fromage très bien conservé, mais plus une structure fromagère dans un état de traces. C’est pour cette raison que l’équipe a décidé d’examiner les empreintes chimiques laissées par ce qui semblait être des acides gras, très incrustés dans les pots d’argile ayant attisé la curiosité des scientifiques.

En juxtaposant leurs résultats aux données historiques en rapport avec le lieu de l’exploration, la conclusion était claire : ces traces organiques témoignent bien d’un processus de fabrication fromagère. Un processus très artisanal, ancien et fascinant…

McClure et al, PLOS ONE

Des détails intéressants

Selon des données archéologiques très solides, l’agriculture s’est largement répandue en Europe il y a 9000 ans. Ceci aurait un rapport direct avec la diversification des produits laitiers, et le fromage était le centre d’intérêt par excellence, déjà à l’époque.

Pour pousser la recherche encore plus, les experts ont examiné le rapport entre les deux isotopes, le carbone 13 et le carbone 12, afin de déterminer le type de fromage concerné par la fouille. Les fromages à pâte molle et dure, qu’ils sont à base de lait de chèvre, de brebis ou de vache, sont caractérisés par une concentration élevée de protéines et de graisses, ce qui influe sur le rapport entre les deux entités chimiques.

Le type de ce fromage en particulier n’est pas encore déterminé, mais la datation des fossiles sélectionnés dans la même zone de fouille a permis d’indiquer son âge : 7200 ans. Le groupe a donc soulevé un fait très important : durant ce temps, il était dans l’intérêt de la population locale d’inventer un procédé pareil. Intolérants au lactose, les enfants qui vivaient dans la région avaient besoin d’une autre source d’énergie riche, hautement calorique et se conservant pour assez longtemps tout en leur évitant les désavantages du lait : le fromage répond à ces attentes.

À l’heure actuelle, les secrets de la préparation de ce vieux fromage ne sont pas révélés. Mais penser qu’il aurait pu contribuer à la survie des locaux dans ces temps particulièrement durs, marqués par la migration et les maladies, est plutôt rassurant sur notre avenir en tant qu’humain.


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