Jusqu’alors, nous pensions que les centaures, chimères mi-homme mi-cheval, étaient des créatures qui faisaient seulement partie de la mythologie grecque. Toutefois, les premières chimères porcs-singes ont vu le jour.
Après la controverse et la question sur l’éthique scientifique qu’a suscité la modification génétique des embryons humains — qui a donné naissance à des jumeaux, l’année dernière en Chine — d’autres chercheurs chinois ont réussi à modifier des embryons de porcs, à partir desquels, des chimères porc-singe sont nées.
« Nous pensons que ce travail facilitera les développements futurs de l’organogenèse xénogénique, nous rapprochant de la production de cellules et d’organes fonctionnels spécifiques aux tissus dans un grand modèle animal grâce à la complémentation interspécifique des blastocystes. »
Tang Hai, co auteure de l’étude et chercheuse au State Key Laboratory of Stem Cell and Reproductive Biology, explique dans un article publié dans la revue Protein & Cell la différence entre une chimère et les cellules hybrides.
En effet, chaque cellule provient d’un parent distinct dans une chimère tandis que les cellules hybrides ont combiné la génétique des deux parents. Il s’agirait de la première chimère singe-porc à rester en vie.
Afin de réaliser cette expérience, des cellules singes ont été modifiées pour les transformer en cellules fluorescentes, et delà prélever des cellules souches embryonnaires qui ont été injectées dans plus de 4000 embryons de porcs, le tout a été injecté dans des truies, ce qui les a amenés à la naissance de dix porcelets dont deux confirmés en tant que chimères, à multiples tissus — cœur, foie, rate, poumon et peau — constitués de cellules de singe.
Les porcelets sont morts une semaine plus tard, mais le fait qu’ils soient nés vivants réconforte Tang Hai dans sa thèse que le problème n’est nullement de remettre en cause le fait qu’il s’agisse de chimère, mais plutôt que la fécondation in vitro a été défectueuse.
« Nous avons un long chemin à parcourir avant qu’une application clinique du chimérisme interspécifique ne soit possible. »
Sachant que cette expérience n’est pas la seule à avoir vu le jour. En août 2019, des chercheurs japonais ont créé des chimères rat-humain, les embryons ont été détruits au début du procédé.
La Chine est encore allée plus loin avec des chimères singe-humain, mais avec cette dernière expérience de chimères porc-singe qui a permis aux embryons de vivre, une seule question se pose, combien de temps faudrait-il avant l’arrivée d’une chimère singe-humain ?
Le Docteur Ángel Raya, Directeur du Centre de médecine régénérative de Barcelone se demande : « Que se passerait-il si les cellules souches formaient des neurones humains dans le cerveau de l’animal ? Aurait-il une conscience ? Et que se passerait-il si ces cellules souches se transformaient en spermatozoïdes ? »
En posant cette question à Estrella Núñez qui a travaillé sur l’expérience du singe-humain, elle assure que l’équipe de recherche d’Izpisuá a créé des mécanismes afin que les cellules humaines s’autodétruisent systématiquement si elles migrent vers le cerveau.
On dit souvent que la réalité pourrait rejoindre la fiction, ces expériences nous rappellent le film « La planète des singes », en espérant que ça n’aura pas le même dénouement…