Stefano G. Daniele and Zvonimir Vrselja, Sestan Laboratory, Yale School of Medicine

La recherche scientifique ne cesse de nous surprendre avec des sujets de plus en plus innovants. Récemment, des chercheurs ont réussi à rétablir le fonctionnement des cerveaux de porcs morts cliniquement.

Les chercheurs de l’école de Médecine de Yale ont publié dans la revue Nature une expérience quelque peu surprenante. 

En effet, les cerveaux de 32 porcs tués quatre heures plutôt, dans un abattoir du ministère de l’Agriculture des États-Unis, ont été extraits puis connectés à un système de perfusion artificielle nommé BrainEx. Ces brillants scientifiques ont déclaré : « Ce qui n’est pas vivant ne mourra jamais ».

BrainEx a injecté dans le cerveau une solution expérimentale qui imite essentiellement le flux sanguin en apportant de l’oxygène et des nutriments aux tissus. Elle transmet ainsi aux cellules du cerveau les ressources nécessaires pour entreprendre de nombreuses fonctions normales.

Les cellules ont commencé à consommer et à métaboliser les sucres, favorisant l’entrée en jeu du système immunitaire du cerveau. Les échantillons de neurones ont pu transmettre un signal électrique et certaines cellules du cerveau ont même réagi aux médicaments.

Sur les 32 cerveaux testés, certains d’entre eux ont pu rester en vie pendant 36 heures.

L’auteur principal, Nenad Sestan, a déclaré : « Il est concevable que nous ne fassions qu’empêcher l’inévitable et que le cerveau ne puisse pas se rétablir. »

Les chercheurs espèrent que la technologie pourra améliorer notre capacité à étudier le cerveau et ses fonctions cellulaires. 

Les troubles et les maladies du cerveau constituent l’un des principaux axes de ces études. Cela pourrait indiquer la voie à suivre pour mettre au point de nouveaux traitements, comme les lésions cérébrales, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Huntington et les maladies neurodégénératives.

OIST/Flickr

Nita Farahany, bioéthicienne de la faculté de droit de l’Université Duke affirme « Il s’agit d’une avancée extraordinaire et très prometteuse pour les neurosciences. Elle offre immédiatement un modèle bien meilleur pour l’étude du cerveau humain, ce qui est extrêmement important compte tenu du nombre considérable de personnes souffrant de maladies mentales. »

Les auteurs de l’étude s’empressent à préciser que la partie neuronale responsable de la conscience n’a pas été touchée et que la solution BrainEx contenait des produits chimiques qui empêchaient les neurones ciblés de fonctionner.

Par mesure de prudence, les chercheurs ont également surveillé le cerveau pour déceler toute activité de ce genre et étaient prêts à administrer un anesthésique s’ils avaient détecté des signes de conscience.

Malgré cela, cette recherche suscite un vif débat sur l’éthique médicale et certains se questionnent sur la valeur de la mort si on arrivait à inverser la mort clinique par perfusion artificielle.

La mort est définie selon la plupart des pays, comme une perte irréversible de la fonction cérébrale ou circulatoire.

Jonathan Moreno, bioéthicien à l’Université de Pennsylvanie, a révélé au New York Times : « C’est fou. S’il y a une question qui mérite un grand débat public sur l’éthique de la science et de la médecine, c’est bien celle-ci. »

Il faudrait un certain temps avant que de telles expériences ne soient pratiquées sur des sujets humains. Cependant, une question d’éthique plus immédiate devrait être posée sur la façon dont de telles expériences puissent nuire aux sujets animaux.


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