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De nos jours et avec les avancées technologiques spectaculaires, le désir d’approfondir les connaissances est de plus en plus ardent. Pour étudier la matière à l’échelle microscopique, les physiciens utilisent un outil ou plus particulièrement un « accélérateur de particules » qui permet de s’étendre des molécules et des atomes jusqu’aux composants fondamentaux de la matière (électrons, protons, quarks, etc.)

Comme toute innovation, ces nouvelles installations divisent l’opinion entre ceux qui sont convaincus de leur innocuité et ceux qui y voit un réel danger…

Les trois hypothèses

Martin Rees, un cosmologue britannique de renom a fait une déclaration assez audacieuse à la fin de l’année dernière (2018) à propos des accélérateurs de particules : « Il existe une possibilité infime, mais réelle de catastrophe. »

Le grand collisionneur de hadrons (LHC) est le plus puissant de ces dispositifs, il tire les particules à des vitesses incroyablement élevées, les écrase et observe les retombées. Ces

collisions ont permis de découvrir de nouvelles molécules, mais selon Rees « les risques sont nombreux. »

Dans son livre publié fin 2018 « On the future: prospects for humanity », l’astrophysicien donne des perspectives plutôt sombres.

Le premier scénario, le plus connu de tous, se produit si un accélérateur pendant son activité faisait apparaître un trou noir. « Peut-être qu’un trou noir pourrait se former et engloutir tout ce qui l’entoure » déclare t-il.

Accélérateur de particules GSI, Opelstadt, Pixabay

La deuxième possibilité effrayante est que les quarks (composants élémentaires et constituants de la matière comme les protons et les neutrons) se rassemblent en objets compressés appelés « strangelets ». D’après Rees : « Ce fait en soi serait inoffensif », cependant, certaines hypothèses démontrent que ce conglomérat pourrait, par contagion, modifier tout ce qu’il trouve en une nouvelle forme de matière transformant la terre en une sphère hyper dense d’environ cent mètres de diamètre, ce qui correspond plus ou moins à la taille d’un terrain de football.

La dernière façon de destruction consiste en une catastrophe qui engloutit l’espace lui-même. Le cosmologue avance que l’énergie concentrée créée lorsque les particules entrent en collision les unes avec les autres (dans un accélérateur) pourrait déclencher « une transition de phase » qui déchire le tissu spatial. De ce fait, le désastre deviendra aussi cosmique et pas seulement terrestre…

Apaisement des craintes

Le groupe d’évaluation de la sécurité du LHC (LSAG) assure que le grand collisionneur ainsi que ses successeurs ne représentent pas un danger et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

L’un de ces arguments est que la nature elle même réalise déjà des expériences dans ce sens sans pour autant qu’il y ait de catastrophes. Les rayons cosmiques, par exemple, qui bombardent continuellement notre planète sont des versions naturelles de ce que font les accélérateurs.

Public Domain, Pxhere

Par ailleurs, la question relative aux strangelets a été soulevée avant le démarrage du collisionneur d’ions lourds relativistes « RHIC » en 2000 aux États-Unis, dont l’une des missions était précisément de retrouver ces étranges particules sans en détecter aucune.

Même le regretté Stephen Hawking a donné sa bénédiction à l’accélérateur de particules. « Le monde ne finira pas lorsque le LHC se mettra en marche », déclara t-il. Il poursuit : « Dans un sens, M. Rees a raison, nous ne sommes pas sûrs à 100 % et nous ne le serons peut-être jamais ». Mais comme il l’explique, de nombreuses avancées scientifiques peuvent comporter des risques et cela ne veut pas dire que nous devons nous arrêter complètement.

L’innovation, écrit Rees dans son livre « On the future » est souvent dangereuse, mais si nous ne prenons pas les risques, nous perdrons les bénéfices. Néanmoins, les physiciens doivent faire preuve de prudence lors de la réalisation de leurs expériences en plus de prendre en considération les risques même les plus improbables.


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