Annie Spratt/Unsplash

Si vous êtes amateur ou amatrice de séries télévisées, vous avez sûrement déjà dû ressentir une énorme déception, voire de la colère, en vous rendant compte que vous venez — sans même le vouloir — de tomber nez à nez avec le résumé complet et détaillé de l’épisode que vous attendiez avec impatience depuis quelque temps.

Mais contre toute attente, tandis que l’on pourrait penser que connaître sa fin gâche inévitablement le plaisir de le visionner, il s’avère qu’une équipe de chercheurs américains a cependant prouvé le contraire, si bien qu’en réalité, savoir au préalable ce qu’il va se passer durant un épisode ne fait que le rendre meilleur…

Une conclusion contre-intuitive, mais largement démontrée

Menée en 2011 par un groupe de scientifiques de l’Université de Californie, une étude a révélé que curieusement, être au courant du dénouement de ce que l’on est amené à regarder ou à lire rend l’intrigue nettement plus intéressante que si l’on s’était contenté d’en connaître quelques bribes seulement.

Pour en arriver à cette conclusion déroutante, les chercheurs ont choisi 12 romans d’auteurs particulièrement connus pour leur goût du suspense et du mystère, tels que Agatha Christie, Roald Dahl ou John Updike, et en ont imprimé 3 versions différentes.

Dans la première d’entre elles, la fin de chaque nouvelle a été rédigée au tout début du livre, dans l’introduction.

Dans la seconde, elle a été écrite sur un feuillet à part qui a été distribué aux 819 participants, accompagné du roman.

Enfin, la troisième et dernière version des récits n’était autre que les œuvres originales, sans aucune modification.

Aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, la plus grande majorité des participants n’ont pas préféré les livres tels qu’ils ont été imaginés par leur auteur, mais bien la deuxième version, celle où la fin a été écrite sur une copie distincte.

Lynn Gardner, Flickr

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple

Bien que contre-intuitif, ce constat est pourtant tout à fait normal.

Surnommé le « paradoxe du spoiler » par les psychologues, ce phénomène, décrit pour la toute première fois en 2001, n’a en fait rien d’étonnant lorsque l’on sait que par nature, l’esprit humain n’apprécie guère tout ce qui lui est compliqué ou totalement inconnu.

Ainsi, lorsqu’il se retrouve dans une situation qu’il n’a encore jamais vue ou vécu auparavant, notre cerveau va passer le plus clair de son temps à tenter de prédire ce qui va se produire.
Pour s’en rendre compte, il suffit de repenser à toutes les questions que l’on se pose instinctivement lorsque quelqu’un nous appelle pour nous dire qu’il veut nous annoncer quelque chose.

Au lieu de nous concentrer sur la discussion de manière rationnelle, nous nous mettons automatiquement à penser à toutes les possibilités imaginables.

« Le suspense relatif au dénouement nuit au plaisir en détournant l’attention des détails » expliquent les auteurs de l’étude et Professeurs en psychologie Jonathan Leavitt et Nicholas Christenfeld.

Ainsi, en connaissant la fin avant de regarder un film ou l’épisode d’une série, nous évitons de dépenser inutilement notre énergie à présager la suite des événements, ce qui nous permet de nous concentrer davantage sur les personnages et les discours dans leur ensemble.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il nous arrive de revoir plusieurs fois nos thrillers préférés sans jamais nous en lasser, et ce, même si nous savons exactement de quoi il en retourne.

« Une fois que vous savez comment cela se passe, c’est cognitivement plus facile — vous êtes plus à l’aise pour traiter les informations — et pouvez vous concentrer sur une compréhension plus profonde de l’histoire » conclut le Professeur Leavitt.


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