George Ruiz, Flickr

Apparue pour la toute première fois en avril 2016, la technique dite des « trois parents » est une nouvelle méthode de procréation d’enfants assistée en laboratoire qui prend en compte non pas l’ADN de deux parents, mais bien de trois.

Bien qu’elle soit encore au stade expérimental, le premier bébé né grâce à cette nouvelle démarche s’appelle Abrahim Hassan, et se veut bien portant.

Ce procédé, qui constitue une avancée scientifique sans précédent autant qu’une réussite, reste cependant très controversé et soulève parfois quelques questions…

Une technique ingénieuse pleine d’espoir

Parfois, il arrive qu’une femme en âge de procréer porte en elle un gène annonciateur d’une maladie héréditaire : c’est le cas de cette maman jordanienne qui a, avant la naissance d’Abrahim, perdu déjà deux enfants en leur transmettant malgré elle, via ses gènes, une pathologie mortelle qui atteint le système nerveux appelée le syndrome de Leigh.

Face à ce drame malheureusement inévitable, le couple s’est tourné vers l’équipe médicale du Docteur John Zhang connu pour ses travaux en matière de fertilité.

Après avoir découvert que près du quart des mitochondries de la mère étaient en cause dans la transmission dudit syndrome, le Docteur Zhang a décidé de procéder à une toute nouvelle technique : plutôt que d’avoir recours à l’ovule et donc à tous les gènes d’une autre femme, le but ici est de littéralement transplanter le patrimoine génétique sain de la mère (sans les mitochondries responsables du syndrome de Leigh donc) appelé « ADN nucléaire » dans un ovule vidé de son noyau, mais tout en gardant les mitochondries, qui par contre, appartiennent à une autre femme (appelé « ADN mitochondrial »)

En d’autres termes, un homme et deux femmes sont nécessaires à la réalisation de cette prouesse scientifique, d’où son nom « technique des trois parents » (qui en médecine s’appelle « transfert nucléaire de fuseau »)

Pour ce faire, le Docteur Zhang, après avoir créé artificiellement cinq embryons grâce au sperme du père, en a alors implanté un dans le ventre de la mère qui, neuf mois plus tard, a donné naissance au petit Abrahim.

Un procédé cependant remis en cause

Malgré le succès de la technique des « trois parents » et la joie incommensurable du couple qui tentait, en vain, de fonder une famille, cette tentative a soulevé de vives questions, notamment d’ordre moral et éthique.

En effet, la méthode du Docteur Zhang n’a été approuvée nulle part ailleurs qu’au Royaume-Uni : si une partie des scientifiques voient en ce nouveau procédé un moyen de contrer des maladies génétiquement transmissibles, d’autres le jugent dangereux.

Tout d’abord, le développement normal de l’enfant n’est pas totalement assuré : il existerait un risque que celui-ci développe des troubles d’ordre génétique compte tenu de la manipulation artificielle de l’embryon.

Aussi, certains ont tout simplement peur qu’au fil du temps, cette approche ouvre la porte à un nouveau type de modifications génétiques : si aujourd’hui elle est utilisée pour venir en aide à des foyers en détresse, qui sait si à l’avenir, elle ne deviendra pas un moyen de faire ce que bon nous semble en matière de procréation.

À ce sujet, la Professeure de Droit de l’Université George Washington s’insurge : « Il y a des craintes que nous descendions la pente glissante vers les bébés designers ».

D’autres enfin, désapprouvent totalement les agissements du Docteur Zhang, estimant que mener une telle expérience en sachant qu’elle est interdite va à l’encontre de la déontologie médicale.

Néanmoins, le Docteur Zhang a tenu à répondre à ses antagonistes, clamant haut et fort que « sauver des vies est la chose éthique à faire ».


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