GuillaumePreat, Pixabay

Si la tradition veut que nous soyons tous inhumés sous Terre, d’autres en revanche ont connu une fin un peu plus surprenante.

Alors qu’il a perdu la vie dans un malencontreux accident de la route le 18 juillet 1997 à l’âge de 69 ans, Eugene Shoemaker a eu droit à des funérailles quelque peu spéciales : des obsèques dites spatiales.

À ce jour, il est le seul homme à être enterré sur la Lune, mais il semblerait que cette pratique tende peu à peu à se faire connaître, si bien que dans un avenir proche, il sera possible de faire son tout dernier voyage parmi les étoiles…

L’histoire d’un scientifique hors du commun

Bien que son nom ne soit pas forcément connu de tous, Eugene « Gene » Shoemaker est pourtant un scientifique américain hors pair, à qui l’on doit beaucoup en matière d’astronomie : en plus d’avoir découvert plus de 20 comètes (dont une comète qui porte aujourd’hui son nom [« Shoemaker-Levy 9 »] et 300 astéroïdes, il est avant tout l’un des premiers planétologues de l’Histoire et fondateur du Programme de Recherche en Astrogéologie à la United States Geological Survey en 1961.

Spécialiste en cratères lunaires, il a également été le formateur principal de la douzaine d’astronautes américains chargés d’aller sur la Lune.

Celui qui n’a malheureusement pas pu devenir astronaute lui-même à cause de problèmes de santé invalidants aura cependant réalisé son rêve le plus cher après sa disparition : « La plus grande déception de ma vie était de ne pas aller sur la Lune et de frapper dessus avec mon propre marteau ! » aurait déclaré amèrement le Docteur Shoemaker de son vivant.

Et c’est ainsi que l’idée de l’envoyer sur la Lune a germé dans l’esprit de ses collègues et élèves qui se sont chargés d’organiser les obsèques spatiales de M. Shoemaker, le « tout premier habitant de la Terre à reposer sur un autre corps céleste. » comme rappelle son amie et consœur à la NASA, la Professeure Carolyn Porco de l’Université de l’Arizona.

Eugene Shoemaker, Wikipedia Commons

Un phénomène unique, mais qui tend à se démocratiser

Pour parvenir à envoyer le Docteur Shoemaker sur la Lune, la NASA a mis au point un système ingénieux en collaboration avec l’entreprise Celestis, aujourd’hui spécialisée dans les funérailles lunaires : après l’avoir incinéré, ses cendres ont été placées dans une urne que le vaisseau Lunar Prospector s’est chargé de transporter, le 31 juillet 1999.

Tandis que l’engin spatial, initialement conçu pour observer la surface de la Lune, est arrivé à destination, l’urne funéraire a été expulsée du vaisseau à pas moins de 3 800 km/h avant de s’enfouir littéralement dans le sol lunaire.

Aujourd’hui, la société Celestis propose toujours ses services funéraires lunaires, à la seule différence que les cendres des défunts n’ont pas vocation à être enterrées, mais simplement dispersées à la surface de l’astre de la nuit : actuellement, près de 1 000 personnes ont bénéficié de ces obsèques spatiales et le concept attire toujours plus de monde malgré son coût [plus de 12 000 dollars].

Devant un tel engouement, d’autres entreprises ont décidé de se lancer, avec des prix toujours plus bas [bien que toujours très élevés] : créée en 2013, Elysium Space permet aux familles des défunts d’envoyer leurs cendres sur la Lune pour environ 10 000 dollars.

En outre, depuis 2015, elle propose aussi d’enterrer l’urne, exactement comme pour Eugene Shoemaker.


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