Avoir un animal de compagnie c’est vivre un quotidien rempli de surprises et même, d’aventures. Nos petites boules de poils préférées adorent particulièrement se donner en spectacle. Les chiens comme les chats sont même très doués dans leurs démonstrations affectives ou rigolotes.

Les chats ont par exemple cette manie mignonne, mais plutôt bizarre de se lécher constamment comme pour se laver le corps, à leur propre manière. Si ce phénomène est totalement naturel et normal, sa signification est encore méconnue et mal comprise…

Une structure particulière

Les chats adorent utiliser leur langue. Si ce n’est pas pour faire leur propre toilette personnelle, c’est pour exprimer leur bonheur d’être aux côtés d’un si bon maître. Mais, concrètement, quelle est la fonction de cet organe chez nos félins et de quoi est-il réellement constitué ? C’est bien la question que l’équipe de Alexis Noel, du Georgia Institute of Technology, s’est longtemps posée.

La recherche a pris l’axe de la biomécanique pour mettre en évidence le vrai mécanisme mis en jeu par la langue joueuse des chats. L’adhésion tissulaire a été la problématique clé de l’étude et les résultats relatifs à ce point-là n’étaient pas décevants.

Papilles des félins ci-après.
Alexis Noel, Georgia Tech

Noel et ses collègues ont pris l’initiative d’examiner les langues de six espèces félines : le chat domestique, le lynx, le puma, la panthère des neiges, le tigre et enfin le lion. Le Professeur David Hu, fortement investi dans l’étude, a réussi à découvrir les propriétés structurales de cet organe sensoriel si fascinant.

« La langue du chat est reconnaissable grâce à ses papilles filiformes qui ont la forme d’épines kératinisées tournées vers l’arrière. » ont écrit les chercheurs dans leur article publié dans PNAS. « Notre étude a permis de démontrer que les papilles du chat ont en réalité une forme de pelle et non de cône plein comme il était établi depuis 1982. Cette distinction lui permet notamment de profiter du phénomène de tension superficielle pour évacuer sa salive. » ont-ils ajouté.

Alexis Noel, Georgia Tech
Alexis Noel, Georgia Tech

Un intérêt insoupçonné

Les analyses ont pu être réalisées grâce à la microtomographie aux rayons X, une technique sophistiquée permettant de retranscrire une image tridimensionnelle d’un échantillon donné, là en l’occurrence la muqueuse linguale des félins choisis pour l’étude. La longueur des « épines » diffère selon l’espèce pour correspondre à la longueur du poil constituant la fourrure de l’animal.

Ce type de pelage n’a pas existé pour rendre nos amis félins encore plus irrésistibles qu’ils ne le sont déjà. En effet, la fourrure des chats notamment sert à maintenir leur température corporelle. Étant donné que les chats ne transpirent qu’au niveau des coussinets de leurs pattes, les spécialistes pensent qu’ils se lèchent pour gérer l’excès de chaleur. Comme le duvet léché et humide va « refroidir » en séchant, le petit félin aura une agréable sensation de fraîcheur qu’il n’hésitera pas à reprovoquer.

Les auteurs ont également souligné le rôle capital que peuvent jouer les papilles : la salive déposée à la surface de la langue ne pourra pénétrer les couches internes de la fourrure épaisse que si les papilles sont « activées » et redressées grâce à l’action d’un muscle particulier.

Une version 3D des papilles transformées en une brosse en silicone grandeur nature, nommée TIGR pour tongue-inspired grooming brush, pourra voir le jour. Selon les auteurs, elle permettrait un brossage plus doux et est plus facile à nettoyer. « Elle pourra aider à appliquer des liquides, nettoyer des tapis et même administrer des médicaments. » a expliqué Noel pour Associated Press.


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