Jim.henderson, Wikipedia Commons

Les gouts et les couleurs ne se discutent pas, cela est bien connu. Aimer un certain genre de musique, préférer une couleur ou adopter un style en particulier fait partie de la liberté individuelle. Toutefois, il existe certaines choses dans la vie qui arrivent à mettre tout le monde d’accord.

La majorité des gens détestent les bruits stridents ou trop forts en général, sauf s’ils assistent à une soirée très axée sur la musique assourdissante et encore, aucune échappatoire à la migraine. Mais s’il existe bien un son que personne ne peut supporter, c’est bien celui causé par le passage des ongles sur un tableau.

Un mot à connaître

Énervant, agaçant, voire même dégoutant, entendre le bruit que fait un ongle gratté sur un tableau justifie tous ces sentiments, et pas que. Cet inconfort est tellement répandu et universel qu’il a fini par intéresser de nombreux chercheurs et les résultats de leurs études sont des plus intéressants.

Ce sentiment de malaise à l’entente d’un bout d’ongle passé tout doucement sur un tableau ou autre surface a bien un nom, mais uniquement dans la langue espagnole. Il est connu sous le nom de « grima » et aucune alternative linguistique n’est disponible dans d’autres langues.

Les scientifiques ont donc souhaité en savoir plus sur l’élément déclencheur du grima, et pour cela, plusieurs techniques ont été employées. Selon leurs hypothèses, cette sensation particulière provoquée par le grincement d’un ongle sur un tableau est fortement liée à la fréquence audio qui la caractérise, à la région du cerveau stimulée et à la forme de nos conduits auditifs.

Il a été demandé aux participants de l’étude de faire un classement des sons qu’ils trouvent désagréables jusqu’à ceux totalement insupportables pour eux. Entre la craie appuyée contre une ardoise et la fourchette qui gratte l’assiette, le grima arrive dans le top du classement.

Une question d’évolution

Pour mieux comprendre la distinction du « grima », les experts du domaine de l’acoustique ont enregistré le son résultant de cette action tout en apportant certaines modifications. Le but de la manœuvre a été de cerner la portion responsable du grima à proprement dit. Après ces arrangements, ils ont fait écouter ce nouveau son à des participants, mais avec un nouvel élément en jeu : la réponse au stress.

La moitié du groupe de volontaires a été informée que le morceau provenait d’une musique contemporaine. Les autres connaissaient l’origine du son. Pendant l’écoute, les réactions individuelles étaient suivies, telles que la fréquence cardiaque, la tension artérielle et la conductance cutanée.

Le grima se range entre les fréquences acoustiques 2000 et 5000 Hertz. L’oreille humaine est beaucoup plus sensible aux sons perçus dans cette gamme de fréquences, car les canaux ont une résonance plus importante.

Une étude creusant ce sujet en particulier et établissant le lien entre le « grima » et le cri de détresse des bébés chimpanzés a valu le prix du Prix Ig Nobel de 2006. Selon les chercheurs récompensés, le « grima » d’aujourd’hui serait un réflex resté de notre histoire évolutive et de notre réponse spontanée au danger.


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