U.S. Air Force photo by Airman 1st Class R. Alex Durbin

La capacité d’imaginer des choses et visualiser des situations dans notre esprit semble être une activité anodine, et nous avons tendance à croire que ceci est inné chez l’être humain.

Cependant, aussi étonnant que cela puisse paraître, il existe des individus incapables de créer ces images dans leur tête, ce phénomène de cécité de l’esprit touche environ 2 à 5 % de la population. 

L’absence d’imagerie visuelle mentale est un phénomène découvert au 19e siècle. Il a été élucidé depuis peu et est connu sous le nom d’aphantasie congénitale. Celle-ci peut survenir à la suite d’un accident ou de blessures cérébrales. Cela dit, des recherches récentes ont montré que les sujets atteints souffrent également d’autres incapacités cognitives.

Alexei Dawes, neuroscientifique à l’Université australienne de Nouvelle-Galles du Sud tente d’expliquer cela à travers une étude. Ainsi, avec l’aide de ses collègues, il a soumis une série de huit questionnaires à 667 volontaires — dont 267 sont aphantasiques —, sur la visualisation, le rêve, la mémoire et les réponses au traumatisme. Les participants ont été amenés à décrire le degré de vivacité des souvenirs sur une échelle d’un — pas d’images du tout — à cinq — aussi nette qu’une image réelle —.

Durant l’expérience, les cas aphantasiques ont déclaré avoir des difficultés à se rappeler du passé, à représenter des situations, et même à se projeter dans le futur. De plus, ces personnes rêvaient moins souvent, et leurs rêves étaient vagues et dépourvus de détails sensoriels puissants.

Dawes déclare alors que ces résultats témoignent d’une possible implication de l’aphantasie dans les processus de mémoire. Le neuroscientifique cognitif Joel Pearson, Directeur de UNSW Future Minds Lab, suppose que tout ce qui implique la visualisation et l’imagerie est réduit dans l’aphantasie.

Au-delà de la cécité de l’esprit, les personnes atteintes de ce phénomène déclarent qu’il s’étend à d’autres sens tels que le toucher, l’olfaction, l’ouïe, la kinesthésie, mais aussi l’émotion. Alan Kendle, auteur du livre « Aphantasia » et souffrant de cette condition, explique que jouer de la musique dans son esprit était une chose extraordinaire, qu’il ne pouvait pas se permettre.

Néanmoins, toutes les personnes aphantasiques n’ont pas forcément un déficit pour le reste de leur imagination sensorielle. À vrai dire, les recherches effectuées sont principalement basées sur l’auto déclaration. Les scientifiques précisent que les résultats peuvent être mitigés, étant donné que les ressentis sont totalement subjectifs.

De plus, les degrés d’aphantasie diffèrent d’un individu à un autre, par exemple, les capacités spatiales — évaluer la distance et la relation entre les objets — sont bien présentes dans certains cas.

D’après le neuroscientifique Dawes, la perception du monde par l’esprit est étonnamment diversifiée, notamment chez les personnes aphantasiques. C’est pour cela que des recherches plus approfondies sont nécessaires afin d’élargir nos connaissances sur cette condition mentale et en définir les aspects.


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