Jeremy Entwistle/Flickr

Nous avons tous notre petit rituel pour « tomber dans les bras de Morphée ». Il y a de ceux qui attendent de ne plus tenir debout, d’autres qui s’allongent en laissant la télévision ou leur playlist favorite les bercer.

Il n’est toutefois pas rare d’être confronté à une mauvaise nuit de sommeil ou même à une insomnie en dépit de son oreiller fétiche à portée de main et d’un bon verre de lait chaud.

Les causes peuvent être multiples et souvent d’ordre psychologique. Mais aujourd’hui, on s’intéresse aux nuits humides, caniculaires et à la climatisation.

Un cycle de sommeil normal

D’abord, il existe deux types de sommeil : le sommeil lent et le sommeil paradoxal.

Au moment de vous endormir, vous entrez dans le sommeil dit « lent » qui se caractérise par plusieurs phases. À la première, l’endormissement, on observe un ralentissement de votre respiration, de votre rythme cardiaque et du mouvement des yeux, vos muscles se détendent. Vous êtes en transition, de l’état de veille vers le sommeil. Ensuite vient le sommeil léger, le mouvement de vos yeux s’arrête et votre température baisse. Pendant la troisième phase, le sommeil profond, votre respiration, votre rythme cardiaque et vos ondes cérébrales sont au plus bas ; votre corps et votre esprit sont au repos complet et il n’est pas chose aisée de vous réveiller.

C’est suite à ces trois phases — soit une moyenne de 90 minutes de sommeil lent — qu’arrive le sommeil paradoxal, appelé Rapid Eye Movements en anglais en raison des mouvements horizontaux très rapides que font vos yeux sous vos paupières closes — un peu comme si vous suiviez un match de ping-pong. Vous voici dans le domaine du rêve. À ce stade, votre pouls, votre tension artérielle, votre respiration, votre activité cérébrale augmentent jusqu’à atteindre les taux à l’état d’éveil tandis que la relaxation musculaire est totale — les muscles sont paralysés pour vous empêcher de réaliser les mouvements exécutés dans vos rêves.

Toni Blay/Flickr

La succession du sommeil paradoxal au sommeil va se répéter quatre ou cinq fois durant la nuit, selon un cycle relativement propre à chaque individu, mais qui peut varier dans d’assez larges proportions en fonction de diverses circonstances.

Bien que toutes les phases soient importantes, celle du sommeil paradoxal semble particulièrement essentielle pour consolider les souvenirs et assimiler les leçons apprises durant la journée.

Les neurones Goldilocks

L’activité cérébrale est en hausse durant le sommeil paradoxal. Transpirer, haleter, frissonner… sont autant de fonctions que le cerveau doit prendre en charge pendant cette période de rêves. Ces dernières nécessitent beaucoup d’énergie et le cerveau se trouve alors contraint à pomper dans celle destinée à la régulation de la température du corps pour les assurer.

Markus Schmidt, neuroscientifique à l’Université de Berne et principal auteur de la recherche, confie dans un communiqué de presse : « Cette perte de thermorégulation durant le sommeil paradoxal est un des aspects les plus singuliers du sommeil, en particulier car nous disposons de mécanismes parfaitement ajustés qui contrôlent la température de notre corps lorsque nous sommes éveillés ou en dehors du sommeil paradoxal. »

C’est cette particularité qui les a amenées, lui et son équipe, à émettre l’hypothèse qu’il existe des mécanismes dans le cerveau qui contrôlent et régulent la quantité de sommeil paradoxal que vous obtenez relativement à la température ambiante de la pièce dans laquelle vous dormez. En effet, le cerveau optimise l’utilisation de l’énergie en la consacrant à des fonctions plus importantes quand la température du corps n’a pas forcément besoin d’être régulée. Dans ce sens, le sommeil paradoxal — qui, rappelons-le, est nécessaire à la consolidation des mémoires — augmente lorsque la température de la pièce est convenable, alors que dans une pièce trop chaude ou trop froide il a tendance à être sacrifié.

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L’examen approfondi des cerveaux de leurs souris a révélé que leur intuition était fondée. En effet, il existe une population spécifique de neurones dans l’hypothalamus appelé « neurones à hormone » concentrant la mélanine (MCH) qui augmentent le sommeil paradoxal lorsque la température de la pièce se situait à l’extrémité de la zone de confort du dormeur.

Ils ont également observé que les souris génétiquement modifiées — sans récepteurs MCH — étaient essentiellement « aveugles » à la température en termes de régulation du sommeil.

Ce sont ces mêmes neurones que nous appelons les « Goldilocks », en référence au conte de Boucle d’Or et des trois ours — ni trop chaud, ni trop froid.

L’étude, publiée dans Current Biology, prouve donc que la quantité de sommeil paradoxal dépend directement de votre environnement immédiat.

Mais alors, quelle serait la température idéale selon les neurones « boucle d’or » ? Cela reste relatif. Cette zone du cerveau varie beaucoup d’une personne à une autre.

Néanmoins, les experts recommandent généralement de régler le thermostat à la température qui vous convient le mieux.


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