Michael Liu/Flickr

Le pigeon des villes a conquis la plupart de nos agglomérations, c’est l’une des espèces commensales de l’homme les mieux adaptées à l’environnement urbain.

Néanmoins, l’accroissement du nombre de pigeons blessés au niveau des membres inférieurs demeure préoccupant.

Afin de mieux comprendre les causes de ce phénomène, une enquête sur les oiseaux de la ville a été réalisée dans les rues de Paris.

Elle consiste à enregistrer l’apparition et l’étendue des mutilations d’orteils sur des échantillons de pigeons urbains, 46 sites ont été étudiés en fonction de différents types d’habitat : la densité de la population dans un site donné, l’absence/présence d’espace vert et la pollution atmosphérique et sonore.

Entre avril et mai 2013, l’équipe a recensé 30 pigeons aux orteils mutilés tout en notant l’état des blessures pour chacun d’entre eux.

Les auteurs de l’étude publiée dans Biological Conservation affirment : les blessures sont causées par les fils, ficelles et cheveux qui s’enroulent autour des pattes des pigeons entrainant ainsi une coupure de la circulation sanguine qui se traduit par une nécrose et une perte éventuelle du pied. 

De plus, ceux qui ont des blessures aux orteils en voie de guérison présentent souvent des marques semblables à celles d’un étranglement par un fil ou une corde.

Les chercheurs ont constaté que « la mutilation des orteils chez les pigeons urbains se produit dans les zones où la pollution atmosphérique et sonore est élevée, et que les blessures sont d’autant plus nombreuses dans les zones fortement peuplées par les humains ».

Les pigeons vivants dans les espaces verts ont moins d’orteils mutilés, en raison du fait qu’il y ait moins de citadins et moins de pollution, ce qui réduit la possibilité que les pigeons s’emmêlent les pieds dans les cheveux ou ficelles présents au sol.

Frédéric Jiguet, auteur de l’étude a déclaré à l’IFL Science : « Cela arrive aussi à d’autres oiseaux urbains », en ajoutant qu’il a récemment libéré un corbeau des cordes en plastique serrées sur ses orteils.

Les chercheurs ne se sont pas limités aux types d’habitats en émettant d’autres hypothèses qui traitent la question notamment ; les infections des pieds dues au fait de se tenir debout dans leurs propres excréments, l’infection par la bactérie Staphylococcus, les blessures causées par des moyens de dissuasion chimiques ou physiques comme les fils métalliques sur les bâtiments, et les malformations héréditaires. 

Cependant, l’équipe affirme qu’une observation approfondie du pied et de l’orteil peut souvent révéler la « présence ou l’ancienne présence d’une ficelle ou plus généralement de cheveux humains accrochés aux orteils ».

« En effet, les pigeons avaient tendance à être mutilés plus fréquemment là où les coiffeurs sont plus nombreux. Toutefois, il y a plus de coiffeurs dans les zones regroupant un nombre élevé d’habitants, ce qui reflète un effet potentiellement indirect de la densité de la population humaine. »

La pollution urbaine d’origine humaine semble avoir un impact sur la santé des pigeons par des déformations des orteils, ainsi, l’augmentation des espaces verts pourrait être la solution à ce fléau.


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