Michael McVerry, via Unsplash.

Indémodables et intemporels, les jeans font partie intégrante de notre garde-robe.

Bien qu’ils se déclinent aujourd’hui en plusieurs coloris et modèles différents, rien ne vaut le bon vieux denim bleu qui, comme par enchantement, épouse parfaitement la forme de nos jambes malgré le temps qui passe et le tissu qui s’use.

Apparu il y a maintenant plus de 150 ans, rien ne présageait que ce pantalon allait faire sensation, et pourtant !

D’autant plus que contrairement au noir ou au blanc, la couleur bleue n’est pas forcément une valeur sûre en termes de tendance vestimentaire.

La question qui se pose alors est celle de savoir pourquoi est-ce cette teinte précise qui a été choisie pour les jeans, et non pas une autre ?

Une histoire hors du commun

Pour comprendre ce phénomène, il faut tout d’abord retourner en 1853, date à laquelle le fameux Levi Strauss, un allemand de 24 ans ayant immigré aux États-Unis, a décidé de faire fortune.

Tandis qu’il voulait initialement se lancer dans le marché des toiles et des bâches que les mineurs utilisaient pour recouvrir leurs charriots, le jeune homme a eu une idée encore plus ingénieuse…

« Il constata que les besoins vestimentaires étaient plus importants que l’équipement professionnel. Normal : tout le monde ne possède pas de charriot, alors que chacun a deux jambes » explique le journaliste Philippe Vandel.

Ludovic Glucksman, Wikipedia Commons

C’est ainsi que lui est venu le projet de coudre des pantalons pour les dizaines de milliers d’ouvriers et autres chercheurs d’or qui vivaient en masse dans l’Ouest américain à cette époque.

Sans attendre, il s’associa avec Jacob Davis, un tailleur originaire de Lettonie et se rendit à Gênes (en Italie) ainsi qu’à Nîmes (France) pour acheter ses tissus, deux villes réputées depuis le Moyen-Âge pour leurs étoffes de couleur bleue pratiquement similaires et « utilisées pour confectionner des vêtements pour hommes, appréciés en particulier pour leur propriété de durabilité, même après de nombreux lavages » selon l’historienne Lynn Downey.

Mais à la différence des pantalons pour travailleurs déjà existants, ceux de Levi Strauss se voulaient encore plus résistants (donc plus appréciés par la gent masculine), car ceux-ci étaient rivetés à l’aide de petites pièces en métal et la couture, solidifiée, a été doublée.

Quand le bleu défie les lois de la physique

Pour ce qui est de sa couleur incontournable, elle n’est autre que le résultat d’un colorant indigo naturel nommé « blu di Genova », que l’on peut traduire littéralement par « bleu de Gênes ».

D’ailleurs, si l’appellation « Blue Jeans » ressemble étrangement au nom originel de cette teinture, ceci n’a absolument rien d’un hasard…

Colorant bleu (indigo)
Rory MacLeod, Flickr

Et si c’est celle-ci qui a été choisie par les professionnels d’antan, c’est tout simplement parce qu’elle ne comporte que des avantages, notamment en ce qui concerne sa qualité, sa rapidité de fabrication et son coût de production.

Ainsi, à l’inverse de tous les autres colorants qui ont besoin d’être longuement chauffés puis mélangés pour être absorbés par le tissu qui doit, en plus, reposer un certain laps de temps pour obtenir la couleur escomptée, le bleu de Gênes est le seul d’entre eux qui se fixe instantanément et durablement à la surface des fibres de coton sans aucun effort, donc même à froid.

Zoom sur un jeans bleu.
Mark Michaelis, Flickr

En outre, le fait que seul le côté extérieur et apparent du jeans soit teint améliore sensiblement sa qualité (et coûte bien moins cher en colorant).

En effet, ce dernier gagne énormément en souplesse et se veut donc plus confortable chaque fois qu’il est lavé, contrairement aux pantalons teints intégralement qui deviennent toujours plus rigides et incommodes au fil du temps.


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