Peter Kool/Flickr

À chaque sensation de picotement — qu’elle soit due à une simple piqûre de moustique, à une allergie ou à de l’eczéma —, l’on répond par notre réflexe inné de se gratter qui, quasi systématiquement va faire stopper la démangeaison.

Mais pourquoi et comment ce simple geste nous soulage-t-il autant ? Et pourquoi peut-il être si difficile de s’en empêcher ?

La première étude en ce sens a été menée en 2008 par un groupe de chercheurs du Wake Forest University Baptist Medical Center et fut publié dans le Journal of Investigative Dermatology.

D’après le Dr Gil Yosipovitch, principal auteur de l’étude et dermatologue spécialisé dans les démangeaisons : « Il est important de comprendre le mécanisme de soulagement afin de pouvoir développer des traitements plus efficaces. Pour certaines personnes, la démangeaison est une maladie chronique qui affecte la santé en général ». « Par exemple, des médicaments qui désactivent une partie du cerveau pourraient être efficaces », a-t-il ajouté.

Pour se faire, les chercheurs ont utilisé la technologie d’imagerie permettant de voir ce qui se passe dans le cerveau — en l’occurrence, lorsque nous nous grattons.

Un groupe de 13 participants en bonne santé ont ainsi passé des IRM fonctionnelles, mettant en évidence les zones du cerveau activées au cours de l’activité du grattage. De sorte qu’ils aient été grattés sur le bas de la jambe avec une petite brosse. Notant que le grattage a duré 30 secondes, puis a été arrêté pendant 30 secondes, le tout ayant duré environ 5 minutes.

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Comme résultat : « nous avons constaté que les zones du cerveau associées à des émotions et des souvenirs désagréables ou aversifs devenaient considérablement moins actives pendant le grattage », a déclaré le Dr Yosipovitch. « Il est possible que le grattage supprime les composants émotionnels de la démangeaison et provoque son soulagement ».

En effet, l’activité cérébrale réduite s’est produite dans le cortex cingulaire antérieur, zone associée à l’aversion pour les expériences sensorielles désagréables, et dans le cortex cingulaire postérieur, associé à la mémoire. Aussi, lorsque les participants ont signalé que les éraflures étaient plus importantes, l’activation dans ces zones était plus faible.

Le Dr souligne que parfois se gratter très fort — au point de saigner — est la seule chose qui puisse soulager les démangeaisons chroniques, mais : « bien sûr, le grattage n’est pas recommandé, car il pourrait endommager la peau ».

Parmi les résultats de l’étude, il a également été constaté que certaines zones du cerveau étaient rendues plus actives par le grattage, notamment le cortex somatosensoriel secondaire (une zone sensorielle impliquée dans la douleur) et le cortex préfrontal (associé au comportement compulsif). Ce qui : « pourrait expliquer la nécessité de continuer à gratter », d’après le Dr Yosipovitch.

Cependant, le grattage établi durant cette étude s’est produit en l’absence de démangeaisons. L’équipe de Yosipovitch poursuit donc les recherches en évaluant si les résultats s’appliqueront aux démangeaisons chroniques.

« Il est important de comprendre davantage les démangeaisons chroniques », a déclaré Yosipovitch, soulignant que plus de 30 millions d’Américains souffrent d’eczéma et que près de la moitié (42 %) des patients sous dialyse rénale sont dérangés par des démangeaisons modérées à sévères.

Selon un rapport de Nephrology Dialysis Transplantation, les patients sous dialyse rénale présentant des démangeaisons ont un taux de mortalité plus élevé de 17 %, probablement dû à une perte de sommeil.


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