Pixabay/Victor Tangermann

Lors d’une récente conférence de presse à Tokyo, Yoshiaki Harada — ministre japonais de l’Environnement —, a déclaré aux journalistes que la Tokyo Electric Power Company (TEPCO) envisage de déverser dans l’océan Pacifique de l’eau radioactive provenant des centrales nucléaires de Fukushima — où elle est actuellement stockée dans de grands réservoirs.

Depuis le Tsunami de mars 2011, plus d’un million de tonnes d’eau contaminée se sont accumulées dans l’usine. Le gouvernement japonais a déjà dépensé 34,5 milliards de yens pour construire un « mur de glace » souterrain de 1,5 km afin d’empêcher les eaux d’atteindre les trois bâtiments endommagés du réacteur.

Mais ce mur n’a pas assez réduit le débit d’eau souterraine et la compagnie d’électricité a déclaré que la station manquera d’espace d’ici 2022.

Le Japon subit de nouvelles pressions vis-à-vis de ce problème tandis qu’il doit accueillir les Jeux olympiques et paralympiques à Tokyo l’été prochain. 

Il y a six ans, lors de la précédente candidature de la ville aux Jeux, le Premier ministre, Shinzo Abe, avait assuré à la communauté internationale que la situation était « sous contrôle ». Mais peut-on en dire autant cette fois-ci ?

En fait, Harada n’a pas précisé la quantité d’eau qu’il faudrait rejeter dans l’océan. Et comme l’avance Hiroshi Miyano — dirigeant d’un comité d’étude du déclassement de Fukushima à la Société japonaise de l’énergie atomique —, il faudrait 17 ans pour évacuer l’eau traitée après dilution, en essayant de réduire les substances radioactives à des niveaux dans les normes de sécurité de l’usine.

TEPCO a tenté d’éliminer la plupart des radionucléides de l’eau en excès, mais la technologie n’existe pas pour débarrasser l’eau du Tritium, un isotope « faiblement » radioactif de l’hydrogène.

AFP

Sachant que celui-ci se produit en quantités infimes dans la nature, les centrales nucléaires côtières ont pour habitude de déverser des eaux contenant du tritium dans l’océan.

On présume seulement que le tritium est cancérogène pour l’homme, et ce « à des niveaux extrêmement élevés ». Aucun effet néfaste du tritium sur la santé n’a jamais été observé chez l’homme ou dans l’environnement. 

Cet effet reste en soi hypothétique, et seules des études de laboratoire sur des souris à des niveaux extrêmement élevés (réalisables uniquement en laboratoire) ont révélé des effets indésirables sur les cobayes.

Quoiqu’il en soit, le danger est sans doute bien réel d’autant plus que la compagnie d’électricité a admis l’année dernière que l’eau de ses réservoirs contenait d’autres éléments toxiques autres que le tritium.

L’idée de libérer de la radioactivité — de quel niveau qu’elle soit —, fait frémir la plupart des gens et certains plus que d’autres. 

Au Japon, l’annonce du ministre de l’Environnement a suscité la colère des pêcheurs locaux qui durant ces huit dernières années ont tenté de reconstruire leur industrie.

La Corée du Sud, située à proximité, s’est également déclarée préoccupée par l’impact que cela aurait sur la réputation de ses propres fruits de mer. Et récemment, Séoul a convoqué un haut responsable de l’ambassade du Japon pour discuter du traitement des eaux usées de Fukushima.

En tout cas, avant de prendre une décision finale, le gouvernement japonais attend le rapport d’un groupe d’experts. Et il ne faut pas oublier que d’autres options existent, notamment celles incluant la vaporisation du liquide radioactif ou son stockage sur terre pendant une période prolongée.


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