Tous les ans, pas moins de 695 000 nouvelles routes sont construites dans le monde, soit presque 2 000 km par jour.
Mode de transport que l’on ne présente plus aujourd’hui, elles permettent à près de 947 millions de véhicules de circuler un peu partout à travers la planète.
Tandis que nous sommes tous largement habitués à utiliser les autoroutes, les routes nationales, communales, régionales ou encore les départementales, certains pays, où le froid glacial règne durant l’hiver, mettent en place des voies un peu particulières chaque année.
Appelées « routes de glace », si les gouvernements demandent à leurs citoyens de respecter scrupuleusement les règles du Code de la route lorsqu’ils conduisent, ces pistes gelées en revanche leur imposent plutôt l’inverse…
Un Code de la route jeté aux oubliettes en Estonie
Alors qu’il faut généralement compter entre 30 et 40 minutes pour effectuer les 30 km qui séparent la commune de Noarootsi à celle de Haapsalu (deux petites villes situées au nord-est de l’Estonie), il est possible de diviser cette distance par 10, à condition d’être en hiver, d’emprunter la route de glace qui n’est autre que la mer Baltique gelée et, surtout, d’avoir le cœur bien accroché.
À l’heure actuelle, le pays en compte 6, qui sont ouvertes depuis mi-janvier et jusqu’à la fin des froids glaciaux qui sévissent aux quatre coins du pays.
Mais ce qui est étonnant, c’est que les riverains les plus courageux qui souhaitent se lancer sur ces voies gelées doivent cependant laisser de côté tout ce qu’ils ont pu apprendre auparavant concernant le Code de la route.
Ainsi, aussi surprenant cela puisse paraître, dès lors que les voitures s’y engagent, les conducteurs ainsi que tous les passagers qui se trouvent à bord doivent impérativement retirer leur ceinture de sécurité.
En outre, les limitations de vitesse sur ces routes de glace y sont toutes aussi curieuses, car les véhicules ne peuvent y circuler que si les conducteurs roulent entre 10 et 25 km/h, ou alors entre 40 et 70 km/h, mais jamais entre les deux.
Un mal pour un bien
De prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit là d’un manque total de conscience de la part de l’État estonien, mais une fois que l’on s’intéresse de plus près à ces règles peu banales, on se rend vite compte que celles-ci sont en fait ce qu’il y a de plus sûr pour les usagers.
De ce fait, si la ceinture de sécurité doit être retirée, c’est avant tout pour s’assurer que les passagers puissent quitter leur voiture dans les plus brefs délais si jamais la glace était amenée à se briser et à engloutir le véhicule dans les profondeurs de la mer Baltique.
Pour ce qui est de la prohibition de rouler entre 25 et 40 km/h, cela est dû à ce que l’on appelle la « résonance » qui peut se produire dans la glace.
Il faut savoir qu’à plus ou moins 30 km/h, le mouvement de la voiture peut aisément créer une vague violente qui ne se voit pas sur la route, certes, mais qui est largement ressentie sous la surface de la couche de gel, entraînant inévitablement sa fracture.
Notons également que les Estoniens n’en sont pas à leur première route de glace.
Pratique très courante en Estonie qui existe au moins depuis le 13e siècle dans la région, les chevaliers teutoniques étaient partis à la conquête des îles voisines sur ce gel qui recouvrait la mer Baltique de part et d’autre.
Même constat chez les loups, les élans et les ours qui, chaque hiver, partent à la recherche de provisions en traversant les eaux frigorifiées estoniennes, à raison de centaines de fois par an…