Flickr/Jeremy Keith.

Difficiles, souvent longs et pleins de jargon technique, de calculs et de formules mathématiques que seuls les plus avertis sont capables de déchiffrer sans trop de peine, les articles à portée scientifique sont sans aucun doute les plus complexes à lire, mais surtout à comprendre.

Tandis que la plus grande majorité d’entre eux comportent plusieurs pages, d’autres s’avèrent on ne peut plus courts.

Aussi surprenant cela puisse sembler, il existe officiellement un article américain qui se veut tellement concis, que celui-ci ne comporte absolument aucun mot.

Retour sur l’histoire rocambolesque de l’écrit le plus petit de la littérature scientifique de tous les temps…

Quand la psychologie fait des siennes

Contrairement au stéréotype du savant fou qui ne peut pas s’arrêter de poser sur papier toutes ses idées qui lui bousculent l’esprit, Dennis Upper, Professeur américain en psychologie clinique qui a exercé toute sa vie dans le Massachusetts, ne peut clairement pas en dire autant.

Bien que ses études poussées lui ont permis de guérir les innombrables troubles psychologiques de ses patients, le Professeur Upper n’en était pas immunisé pour autant, si bien qu’il souffrait lui-même de ce que l’on appelle le syndrome de la page blanche, également connu sous le nom de « blocage de l’écrivain » ou « leucosélophobie ».

Ce syndrome, plutôt courant chez les auteurs et les artistes compositeurs, se caractérise notamment par l’impossibilité de commencer ou de terminer la rédaction d’un livre, d’une chanson ou d’une pièce de théâtre.

Fort de son professionnalisme, et voulant se soigner de son propre mal-être, le Professeur a donc essayé en 1974 de combattre son trouble tout en documentant la communauté scientifique en écrivant un article à ce sujet.

Lui qui avait l’habitude de produire des textes complets et de qualité, il avait pensé que cet exercice pourrait lui être d’une aide précieuse.

Malheureusement, sa tentative de guérison a visiblement échoué, mais n’a pas pour autant empêché le Journal of Applied Behavioral Analysis de publier sa page vierge la même année.

 

Un cas pas si unique que l’on pourrait le croire

Ainsi, à part le nom, les coordonnées du Professeur, la date et le titre « L’autotraitement infructueux d’un cas de blocage de l’écrivain », aucun autre terme n’y est visible, ce qui n’a évidemment pas manqué de faire sourire les critiques et autres commentateurs de l’époque.

« J’ai étudié ce manuscrit très attentivement, à l’aide de jus de citron et de rayons X, et je n’ai détecté aucun défaut, que ce soit en ce qui concerne la syntaxe ou le style d’écriture. Je suggère qu’il soit publié sans révision » a écrit l’un des relecteurs, amusé.

« De toute évidence, il s’agit du manuscrit le plus concis que j’ai jamais vu, mais il contient suffisamment de détails pour permettre à d’autres chercheurs de reproduire l’échec de M. Upper. En comparaison avec les autres manuscrits que je reçois, je me suis fait un plaisir à examiner celui-ci. Nous pouvons sûrement lui trouver une place dans le journal, peut-être sur le bord d’une page blanche » peut-on également lire.

À l’heure actuelle, cet article reste incontestablement le plus bref de toute l’Histoire de la littérature scientifique, mais contrairement aux apparences, il n’est pas le seul à être aussi peu détaillé.

En effet, en 1966, deux mathématiciens ont réfuté la conjecture d’Euler de 1769 en seulement deux phrases et une équation, ce qui leur vaut encore aujourd’hui d’être les auteurs de l’article mathématique le plus court de la Terre.

De même, en 2011, une étude traitant des « vitesses apparentes des neutrinos supraluminiques » a intégralement été résumée par ses chercheurs en deux mots : « Probablement pas. »


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