Xavier Le Quesne/Flickr

Environ 10 à 15 % de la population mondiale est gauchère, ce qui signifie qu’il y a à l’opposé une écrasante majorité de droitiers. Ces derniers présentent moins de particularités et surtout moins de légendes courantes. À titre d’exemple, certains prétendent que les gauchers sont plus intelligents, d’autres qu’ils sont moins gentils. Ces idées répandues ne reposent sur aucune donnée scientifique. Mais elles ont parfois poussé des parents à faire en sorte que leurs enfants deviennent droitiers. Alors qu’en réalité la détermination du côté fort d’une personne a lieu de façon nettement moins contrôlable…

Rôle de la moelle épinière

La revue eLife vient de publier une nouvelle étude réalisée par une équipe de chercheurs allemands, hollandais et sud-africains, regroupés à l’Université de la Ruhr à Bochum. Elle affirme que le fait d’être gaucher ou droitier n’est aucunement lié au développement du cerveau d’un individu. Cette caractéristique semblerait issue du fonctionnement biologique anténatal. Et ce serait une activité génique désordonnée au sein de la moelle épinière qui en serait la principale responsable.

« Nos résultats laissent penser que l’asymétrie hémisphérique prendrait origine de la moelle épinière, et non du cortex cérébral », a annoncé l’équipe dans leur article.

Elle suit de près la manière dont les gènes s’expriment au niveau des cordons spinaux du fœtus en croissance au sein de l’utérus maternel, entre la huitième et la douzième semaine de grossesse.

Alors qu’on a longtemps relié l’activité des gènes dans l’hémisphère cérébral le plus actif à la détermination du côté dominant, l’activité retrouvée dans ces moelles en développement a distingué une asymétrie encore inconnue jusqu’à maintenant.

Le destin de vos mains est décidé vers la huitième semaine de développement dans l’utérus.
Amy Entwistle/Flickr

Modification de l’activité enzymatique

Et il s’avère que cette activité se produirait bien avant la soudure réelle entre le cortex moteur (zone du cerveau responsable des mouvements) et la moelle épinière. Il semblerait ainsi qu’elle soit centrée sur les zones médullaires (relatives à la moelle) qui gèrent la transmission des influx électriques aux membres, et cette asymétrie définit si un individu est plus habile de la main droite ou de la main gauche.

En outre, les chercheurs croient avoir levé le voile sur les origines de cette asymétrie. Selon eux, elle ne résulte pas de mutations de gènes ou de traits de caractère hérités des progéniteurs, mais plutôt de facteurs environnementaux qui auraient une influence sur l’embryon puis le fœtus au cours de son développement in utero.

Bien que ceux-ci ne soient pas encore bien identifiés, ils seraient responsables d’une modification de fonctionnement des enzymes fœtales. Ce qui aurait pour conséquence directe un changement d’expression des gènes qui influencerait par la suite l’asymétrie de leur activité dans la moelle épinière.


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