Les scorpions sont loin d’être populaires parmi les humains, et il est peu probable que vous voyiez un jour quelqu’un s’aventurer à jouer avec ou même s’approcher de l’un d’entre eux. Cependant, il peut arriver que l’on s’y intéresse pour les besoins de la recherche scientifique. C’est le cas notamment d’une équipe d’écologistes dirigée par Heloise Gibb, qui a sillonné le désert australien, dans l’espoir d’en rencontrer des spécimens.

Lors de cette virée nocturne, les experts ont utilisé un équipement UV, conçu pour détecter la présence d’une de ces créatures, qui sont connues pour scintiller lorsqu’elles sont éclairées par les lampes de poches UV.

Pour les mesurer sans prendre de risque de se faire piquer, les explorateurs des sables font très attention à les prendre par la queue à l’aide d’une pince. Le but de cette opération pourrait susciter beaucoup d’interrogations, pourtant cela est très utile pour la protection de la biodiversité.

Par ailleurs, Gibbs a découvert avec beaucoup de surprise au moins 600 cachettes de scorpions par hectare. Ces petites bestioles de 12 centimètres de long sont de plus en plus répandues dans les zones les plus arides du pays, et les écologistes soupçonnent cette montée soudaine d’être le signe de la disparition d’autres maillons de l’écosystème.

Un scorpion sur le sol australien.
Alexandre Roux/Flickr

Ces craintes sont d’autant plus fondées que les investigations antérieures de l’Université de La Trobe, de l’Université de New South Wales et de l’Australian Wildlife Conservancy, ont révélé une carence significative en mammifères indigènes, dont les Bilbies (Macrotis lagotis), qui auraient vraisemblablement permis aux scorpions de se multiplier aussi rapidement. Et cela est très inquiétant.

L’extinction de 29 espèces et la mise en danger de 21 % des mammifères, sur le continent insulaire, ont été certainement causées par les colonisateurs européens, il y a plus de 2 siècles.

Pour en avoir le cœur net, les spécialistes ont visité deux refuges sécurisés offrant une chance à ces mammifères creuseurs de prospérer loin des prédateurs : Arid Recovery et The Scotia Wildlife Sanctuary, situés respectivement dans le nord de l’Australie du sud et au sud-ouest de la Nouvelle-Galles du Sud.

Gibb et al., Ecology, 2020

Les données récoltées sur les sanctuaires ont montré que les scorpions se faisaient plus rares dans les endroits peuplés de Bilbies (auxquelles ils servent généralement de nourriture.)

Malheureusement, les populations d’araignées se sont également épanouis avec le déclin des mammifères indigènes.

Le défi majeur actuel, selon Gibbs, est de pouvoir restaurer les écosystèmes en y restituant les mammifères creuseurs, malgré l’ignorance totale des conditions de vie faunique d’antan. Sans compter les risques de déséquilibre sur la chaîne alimentaire, liés à la surprédation.


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