Si le taux de cancers est en constante hausse chez les êtres humains, les animaux ne sont pas en reste pour autant : l’un des plus grands fléaux de ces dernières décennies touche, d’après l’ACF (l’Animal Cancer Foundation), pas moins de 12 millions d’animaux par an et tue 50 % d’entre eux.

Leucémies, épiderme, lymphomes, glandes mammaires, gueule, estomac : les risques de développer un cancer chez l’animal sont malheureusement bien réels et touchent la majorité de ses organes, toutes espèces confondues, sauf lorsqu’il s’agit des éléphants…

En effet, ces derniers contractent rarement des maladies cancéreuses malgré le nombre de cellules qu’ils abritent, et les scientifiques savent maintenant pourquoi.

Un paradoxe particulier

Partant du principe qu’un cancer est la mutation d’une puis de plusieurs cellules, la logique veut donc que plus on possède de cellules, plus les risques de souffrir d’un cancer soit importants.

D’ailleurs, ce constat est exact chez la plupart des mammifères, notamment chez les chiens : les plus grands chiens développent nettement plus de tumeurs que les autres, plus petits.

Or, la prévalence du cancer chez l’éléphant (qui pèse entre 3 et 6 tonnes) n’est que de 5 %, contrairement à l’homme, chez qui, même avec beaucoup moins de cellules, est comprise entre 11 et 25 %.

Ce paradoxe, appelé « paradoxe de Peto » a longtemps laissé les scientifiques perplexes face à ce constat étrange, jusqu’à ce que les chercheurs de l’Université de Chicago aient trouvé, en 2015, la raison pour laquelle les éléphants échappent aussi bien à cette maladie qui peut se montrer souvent fatale.

Ainsi, ils ont démontré que l’éléphant possède tout simplement un gène particulier capable de littéralement détruire n’importe quelle cellule qui commence à muter…

Les tumeurs apparaissent lorsque environ une demi douzaine de gènes participant au contrôle de la croissance cellulaire ont muté. Photo de Thierry Soussi, Wikipédia

Quand la génétique s’en mêle

Appelé TP53, ce gène anticancéreux est présent chez absolument tous les mammifères, humains y compris. Tandis que notre espèce n’en comprend qu’un seul, les éléphants quant à eux possèdent 20 copies de ce même gène.

De ce fait, le Professeur et généticien Vincent Lynch, qui a supervisé l’étude, a procédé à une expérience visant à comprendre comment se comportent les cellules de certaines espèces face aux mutations.

Pour cela, il a prélevé des tissus d’éléphants ainsi que de lamantins (mammifères aquatiques) : en leur injectant des agents cancérigènes, le Professeur a remarqué que seuls les tissus des éléphants ont stoppé la mutation.

« Les cellules d’éléphant viennent de périr ; elles ne tolèrent absolument pas les dommages à l’ADN, contrairement aux cellules de leurs proches. Parce que les cellules d’éléphant ont péri dès que leur ADN a été endommagé, il n’y avait aucun risque qu’elles ne deviennent jamais cancéreuses. » déclare-t-il.

Mais la découverte du Professeur Lynch et de son équipe ne s’arrête pas là : la suppression des cellules cancéreuses semble réagir à un autre gène, en plus du TP53, connu sous le nom de LIF6.

Ce qui est étrange, c’est que ce même gène, dit « gène zombie », n’est normalement pas censé être actif : en fait, il s’agit de « 8 copies non fonctionnelles » qui sommeillent dans le génome de l’éléphant.

Dès lors qu’une menace de mutation est détectée dans une cellule (par le TP53), le LIF6 se charge de l’éliminer automatiquement, provoquant volontairement une apoptose (autodestruction des cellules).


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