Certains individus sont connus pour tenir parfaitement à l’alcool malgré des quantités impressionnantes ingérées, et d’autres en revanche ont l’estomac complètement retourné au bout d’un verre ou deux.
Mais contre toute attente, une troisième catégorie de personnes, bien que très rare, existe : celles qui peuvent être ivres, et ce, sans même boire une seule goutte.
Si cela peut faire sourire, le quotidien de ces gens-là est en réalité très difficile à vivre, et se veut parfois même on ne peut plus dangereux…
Un syndrome rare, pourtant bien réel
Décelé dans un premier temps par des chercheurs japonais dans les années 70, puis étudié plus méticuleusement à la fin des années 2000, le syndrome de la fermentation intestinale est une maladie tellement peu commune que seule une cinquantaine de personnes en seraient atteintes à travers tous les États-Unis.
Également appelé « syndrome de l’autobrasserie », et comme son nom semble fort bien l’indiquer, il est caractérisé par une ivresse qui se créée d’elle-même, à l’intérieur du corps, sans même que la personne n’ait besoin de boire.
Cette maladie se déclare lorsque la levure qui se trouve naturellement dans le côlon transforme le sucre ingéré en éthanol, ce qui engendre une augmentation significative et instantanée du taux d’alcool dans le sang, phénomène que l’on nomme plus communément « l’ivresse ».
Évidemment, ce processus ne peut avoir lieu que sous des conditions bien précises, comme un régime alimentaire extrêmement concentré en glucides, la présence de certains types de levures et enzymes particulières dans l’intestin grêle (notamment du genre Candida Albicans), et celle d’enzymes hépatiques anormales qui empêchent l’alcool d’être éliminé du corps correctement.
Généralement, le syndrome de l’autobrasserie apparait à la suite d’un repas copieux : « Le patient peut présenter des effets secondaires tels que des éructations, un syndrome de fatigue chronique, des étourdissements, une sècheresse de la bouche, une désorientation, une gueule de bois et un syndrome du côlon irritable » décrivent les Professeurs et auteurs de l’étude Kelly Painter et Richard Whitten.
Une maladie qui affecte le quotidien de nombreuses personnes
Si cela peut paraitre amusant entre amis ou pendant des vacances, il faut savoir que cette maladie affecte lourdement la vie de celles et ceux qui en souffrent, surtout lorsque l’on sait combien elle est peu connue.
C’est ainsi qu’en 2014, une citoyenne new-yorkaise s’est vue contrôlée par la police pour conduite dangereuse.
En voyant ses yeux rouges, sa difficulté à parler, sa manière de tituber, mais surtout le test d’alcoolémie qui s’est révélé positif et quatre fois au-dessus de la dose d’alcool autorisée dans le sang, les forces de l’ordre ont eu beaucoup de mal à croire que la jeune femme n’avait pas bu et qu’elle souffre en réalité du syndrome de l’autobrasserie…
Fort heureusement pour elle, des analyses complémentaires ont pu confirmer ses dires, tant bien que mal.
C’est au tour de l’ancien chauffeur de camion américain de 48 ans Ray Lewis, en 2017, de perdre son emploi à cause d’un accident de la route dû aux symptômes provoqués par la maladie : après avoir percuté un véhicule, il a été renvoyé sur-le-champ et est aujourd’hui incapable de retrouver un emploi, ni même de rester seul trop longtemps d’après sa femme qui a longtemps pensé que son mari était alcoolique : « J’ai un appareil de repérage GPS qui est attaché à son sac à dos si je dois le laisser sans surveillance » déclare-t-elle.