L’anticipation est un genre littéraire qui tente de décrire le devenir du monde dans un avenir plus ou moins proche. Souvent considérés comme de simples ouvrages de science-fiction, certains de ces récits se sont néanmoins déjà réalisés — ayant ainsi démontré leurs capacités d’influence et de prédiction du futur.

Ici-bas, 10 exemples de livres qui ont vraiment prédit l’avenir, dont un ou deux qui ont en fait inspiré l’avenir qu’ils ont imaginé…

1. « 1984 » de George Orwell (1949) : Big Brother (années 2000)

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Ce chef-d’œuvre dystopique nous délivre dans ses pages abstraites, car il s’agit d’un sujet délicat, un message politique sombre et pessimiste.

Ainsi, dans l’État fictif d’« Océania » en l’an 1984, les personnages du livre sont constamment épiés par l’œil vigilant de « Big Brother », surnom sinistre — d’apparence fraternel — du parti au pouvoir.

À la suite du succès du roman, Big Brother est devenu la représentation de toute institution ou pratique qui nuit aux libertés et à la vie privée des citoyens, particulièrement dans la culture populaire anglo-saxonne.

Nous pouvons citer l’exemple du jeune Edward Snowden, ex-analyste de la CIA qui, en juin 2013, décida de rendre public des documents secrets de la NSA — agence de sécurité nationale américaine — qui ont révélé l’ampleur de la surveillance des communications par les États-Unis. Des millions de conversations téléphoniques et de courriels auraient été ainsi espionnés dans le monde entier, dans le cadre d’un programme baptisé « Prism ».

Depuis, la maxime « Big brother is watching you » issue du livre est devenue une façon de dénoncer ces systèmes de surveillance qui par ailleurs est toujours un sujet d’actualité notamment en informatique avec les célèbres « GAFA » : Facebook, Microsoft, Google, Amazon, etc., dont le système d’exploitation est supposé surveiller les utilisateurs.

2. « Le Meilleur des Mondes » d’Aldous Huxley (1932) : Drogues psychiatriques (années 1950)

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Nous revoici avec une autre œuvre majeure d’anticipation dystopique, mais alors que « 1984 » prédit un avenir dans lequel le gouvernement contrôlera de manière stricte les informations auxquelles les gens ont accès, le roman « Le Meilleur des Mondes » paru en 1932, suggère qu’il serait plus facile de décourager les gens de rechercher ces informations.

L’auteur imagine alors le médicament « Soma » pouvant altérer l’humeur, et ce, avant même que les premiers médicaments psychiatriques ne soient développés.

Mais il serait probablement prudent de dire que la médecine psychiatrique n’était pas exactement le désastre que craignait Huxley. Car dans le livre, il s’agit tout de même d’une drogue artificielle de synthèse présentée au peuple comme étant un simple médicament en l’incitant à la consommer régulièrement — distribué sous forme de comprimés au travail en fin de journée — et qui, à forte dose, peut créer un sommeil édénique…

3. « Frankenstein » de Mary Shelley (1818) : greffes d’organes (1954)

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Ce grand classique dont tout le monde a sans doute déjà entendu parler au cours de son existence raconte l’histoire d’un jeune savant suisse, le Docteur Frankenstein, fasciné par la vie et par la Création, qui crée à son tour un être vivant assemblé avec des parties de chairs sans vie. Horrifié par l’aspect hideux de l’être auquel il a donné la vie, Frankenstein abandonne son « monstre ». Après avoir été rejetée ainsi par son maître et persécutée par la société, la créature, douée d’intelligence, finit par se venger.

Alors non, nous ne sommes pas là pour vous apprendre que les médecins ont finalement découvert les secrets de la vie, mais une autre avancée de l’hubristique Docteur de Shelley s’est bel et bien réalisée et c’est celle de la greffe d’organe — qui consiste en la capacité à garder en vie un organe à l’extérieur du corps afin d’être transplantés dans un nouvel hôte.

Car ce n’est effectivement qu’en 1954 que des médecins réalisèrent la toute première greffe d’organe, celle d’un rein. Et heureusement pour eux, ils n’ont pas eu à s’enfuir dans l’Arctique pour échapper au résultat de leur travail !

4. « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury (1953) : Téléviseurs à écran plat (1964)

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Contrairement à de nombreux auteurs dystopiques, Ray Bradbury ne s’est pas vraiment attardé dans la description de l’univers particulier de son livre — sans doute parce que le seul moyen d’observer ce monde est donné par les personnages inconscients et ignorants eux-même ce qui les entoure. L’histoire met d’ailleurs en scène des pseudopompiers qui n’éteignent plus le feu, mais les allument en brûlant des bouquins en masse. Et pour remplacer ces œuvres littéraires perdues, les habitants de Fahrenheit 451 se perdent dans des programmes télévisés sur des écrans muraux.

Mais il ne s’agit pas ici de pratiquer une dichotomie aux frontières impénétrables entre les différents médias culturels : livres et écrans.

Vous serez peut-être surpris d’apprendre que les premiers écrans plats ont été inventés au milieu des années 60, bien que ce soit beaucoup plus tard qu’ils se généralisent dans les foyers des peuples. L’œuvre de Bradbury a également introduit le concept d’écoute de la musique sur de minuscules oreillettes.

Par ailleurs, ceci peut paraître amusant de savoir que de nos jours, il est désormais tout à fait possible pour un lecteur d’écouter son livre au lieu de le lire.

5. « Cent ans après l’An 2000 » d’Edward Bellamy (1888) : Cartes de crédit (1966)

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Changeons de registre en nous tournant cette fois-ci enfin vers un avenir qui se voudra « utopique », histoire d’égayer un petit peu notre liste !

Dans « Cent ans après l’An 2000 », le protagoniste, un jeune bostonien contemporain de l’auteur, se retrouve mystérieusement projeté en l’an 2000. Accompagné de sa famille, il y découvre une société où règnent l’harmonie et la prospérité. Car celle-ci rompt avec le capitalisme et l’individualisme pour que s’y substituent tout à la fois la méritocratie (au travers d’un système de grades hiérarchiques) et l’égalité (même revenu pour tous et toutes).

La société décrite s’avère alors très éloignée des sociétés modernes que nous connaissons aujourd’hui. Mais un détail nous arrête néanmoins : les « cartes de crédit » d’approvisionnement que détiennent les citoyens de ce nouveau monde.

En effet, les cartes ne sont sorties qu’en 1966 et n’ont pas gagné en popularité avant 20 ans au moins environ. Assez impressionnant encore compte tenu du fait que le chéquier n’avait que 50 ans lorsque Bellamy a écrit son livre.

6. « La Destruction libératrice » de H. G. Wells (1914) : La bombe atomique (1945)

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D’accord, revenons aux sombres perspectives d’un avenir obscur

Dans « La Destruction libératrice », H.G. Wells a décrit la manière dont l’humanité devrait recommencer après la destruction accidentelle de la société en raison d’un développement technologique trop rapide. L’une des inventions les plus dévastatrices aurait été la grenade à main d’uranium — très semblable à une grenade ordinaire, mais plus destructrice.

Wells se sert — comme base de son histoire — le fait que les scientifiques de son époque étaient bien conscients de la lenteur naturelle de la désintégration radioactive d’éléments comme le radium, se poursuivant alors jusqu’à des milliers d’années.

Bien sûr, Wells n’a pas vraiment saisi tout le pouvoir destructeur d’un atome divisé, mais cela rend presque cette prédiction encore plus étonnante, voire même impressionnante. Et la véritable bombe atomique n’a finalement pas vu le jour avant son développement entre 1943 et 1945.

7. « Tom Swift et son pistolet électrique » de Victor Appleton (1911) : Tasers (1974)

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Tom Swift est le personnage vedette de sa propre série de livres pour enfants. C’est un adolescent très inventif et à l’esprit tourné tout droit vers la science. Il n’est donc pas étonnant de voir que beaucoup des inventions imaginaires de Tom reflétaient ou présageaient des évolutions technologiques effectives.

Comme dans « Tom Swift et son pistolet électrique » qui a prédit l’invention du « Taser » et fondamentalement inspiré Jack Cover, son véritable concepteur.

D’ailleurs, le mot TASER est un acronyme pour « Thomas A. Swift’s Electric Rifle ».

8. « Les Voyages de Gulliver » de Jonathan Swift (1726) : Mars a deux lunes (1877)

Gulliver et les Lilliputiens.
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Il s’agit peut-être plus d’une coïncidence que d’une prédiction réelle dans ce cas-ci. Car après tout, Mars avait déjà ses deux lunes bien avant que Jonathan Swift écrive son livre le plus célèbre, « Les Voyages de Gulliver ».

Pourtant, cela reste assez étonnant. Cette satire sociale de 1726 a eu 151 ans d’avance sur la découverte de Phobos et Deimos, les deux lunes de Mars, par Asaph Hall avec des orbites proches de celles décrites par Swift :

« Ils [les astronomes de Laputia] ont aussi découvert deux étoiles plus petites, ou des satellites, qui tournent autour de Mars, dont la plus proche est à une distance du centre de la primaire à exactement 3 fois son diamètre, et la plus éloignée 5 ; la première tourne dans l’espace en 10 heures, et la dernière en 21 heures 30 ».

9. « En terre étrangère » de Robert Heinlein (1961) : Lits à eau (1971)

Drapeau de Mars, tel que décrit dans le roman.
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Les œuvres de Robert Heinlein regorgent de visions d’une grande portée, en particulier du point de vue philosophique. Mais dans « En terre étrangère », l’une de ses œuvres les plus connues, il fait également une prédiction plutôt originale en 1961, environ une décennie avant qu’elle ne devienne banale : le lit à eau.

Alors que les premiers lits à eau étaient fabriqués à des fins médicinales et thérapeutiques en 1833, les versions commerciales apparurent environ dix ans après le livre de Heinlein.

Nous attendons néanmoins toujours de savoir si ses prédictions concernant la politique interplanétaire et les capacités surhumaines des humains nés sur Mars vont se réaliser…

10. « Neuromancien » de William Gibson (1984) : Internet (1990)

Première édition.
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Publié en 1984, le « Neuromancien » de William Gibson est techniquement venu après l’invention d’Internet, mais il y pose les bases du Cyberespace et imagine déjà les hackers d’aujourd’hui.

Ce livre était en effet le premier à véritablement comprendre l’importance d’un réseau mondial d’ordinateurs — bien que la possibilité d’accéder à un tel réseau en utilisant uniquement notre cerveau reste encore à venir.

Il faudra pourtant attendre 1990 pour voir les débuts de l’accès à Internet grâce à l’informaticien Tim Berners-Lee qui a inventé le World Wide Web.


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