Renjin/Flickr

Regarder quelqu’un dans les yeux pendant qu’on lui parle n’est pas toujours chose aisée et beaucoup de gens peuvent trouver cela inconfortable et déstabilisant.

Aujourd’hui, nous savons que ce n’est pas simplement parce qu’un individu est timide ou est entrain de mentir qu’il ne parvient pas à maintenir un contact visuel avec son interlocuteur.

Des recherches qui se sont intéressées à cette maladresse viennent signaler que notre cerveau trouve des difficultés à gérer les tâches consistant à penser les mots justes et à se concentrer sur un visage en même temps.

Notant que l’effet est d’autant plus perceptible lorsque quelqu’un essaie de trouver des mots moins familiers, ou supposés utiliser les mêmes ressources mentales que le maintien du contact visuel.

En 2016, des scientifiques de l’Université de Kyoto au Japon ont souligné que : « Bien que le contact visuel et le traitement verbal semblent indépendants, les gens évitent souvent le regard de leurs interlocuteurs pendant la conversation ». Et : « Cela suggère qu’il existe une interférence entre ces processus ».

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs japonais ont demandé à 26 volontaires de jouer à des jeux d’association de mots tout en regardant des visages — établissant un contact visuel ou regardant ailleurs —, générés par un ordinateur.

Notant également qu’il y a des mots plus facilement associables que d’autres. Comme lorsqu’il s’agit de penser à un verbe pour « ciseau », car il n’y a véritablement qu’une seule bonne option : couper. Tandis que trouver un verbe associé à « dossier » est plus difficile, étant donné que nous pouvons les ouvrir, les fermer ou les remplir.

Unicon

Les volontaires ont mis plus de temps à réfléchir aux mots lorsqu’ils établissaient un contact visuel, mais seulement lorsque des associations de mots difficiles étaient impliquées. Les chercheurs soupçonnent que les hésitations indiquent que le cerveau manipule trop d’informations à la fois.

Bien sûr, il est tout à fait possible d’établir un contact visuel et de tenir une conversation en même temps, mais cette étude prouve que les deux activités peuvent parfois faire appel au même puits de ressources cognitives qui risque par ailleurs de s’assécher un peu.

Alors certes, la taille de l’échantillon utilisé n’est pas grande, mais l’hypothèse reste intéressante.

D’autres études suggèrent aussi que le cerveau est légèrement perturbé par le contact visuel. En 2015, le psychologue italien Giovanni Caputo a démontré que regarder dans les yeux de quelqu’un pendant seulement 10 minutes induisait un état de conscience altéré avec hallucinations.

Et il semble qu’un processus appelé « adaptation neuronale » en soit la cause. Il s’agirait donc de notre cerveau qui modifie progressivement sa réponse à un stimulus qui ne change pas. 

C’est le cas par exemple lorsque nous posons notre main sur une table, nous le sentons immédiatement, mais ce sentiment s’atténue au fur et à mesure que nous maintenons notre main dessus.

Sur ce, en attendant une étude plus approfondie à propos des liens entre communication verbale et non verbale, si jamais quelqu’un détourne le regard pendant que nous lui parlons, nous pouvons déjà supposer qu’il pourrait simplement avoir un système cognitif surchargé.


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